3 - Tom Corbett, cadet de l'espace, contre Wernher
von Braun
A bien des égards, 1950 peut
être considérée comme l'An 01 de la Conquête
de l'Espace. Bien sûr, Allemands et Américains ont
déjà construit des fusées. Beaucoup de fusées.
Après la guerre, ils ont même... disons "conjugué
leurs efforts". En 1949, une WAC Corporal montée sur
un V-2 et lancée à White Sands a établi un
record d'altitude de 400 km qui ne sera battu que sept ans plus
tard, par la Jupiter-C de von Braun. Cette année-là
(1950, pas 1949), von Braun, précisément, quitte White
Sands pour gagner l'arsenal de Redstone, à Huntsville, Alabama,
où on lui donne un mois pour remettre un rapport sur la possibilité
de construire une nouvelle fusée d'une portée de 800
km. La guerre de Corée a éclaté au mois de
juin et la nécessité de disposer de missiles se précise.
Les conclusions de von Braun étant positives, les travaux
commencent dés l'automne. Ils donnent naissance à
la fusée Redstone. Parallèlement, suite aux premiers
congrès d'astronautique, l'idée d'envoyer un, voire
plusieurs satellites artificiels dans l'espace commence à
prendre corps. Alors, cinéastes et auteurs de B.D., impatients
de voir toutes ces promesses techno-scientifiques se réaliser,
entreprennent de montrer au public de quoi demain sera fait.
Dés lors, l'histoire de la conquête imaginaire
de l'espace, au cinéma comme dans la bande dessinée,
emprunte deux chemins divergents mais complémentaires. D'un
côté, on a affaire à ce que l'on pourrait appeler
les "réalistes" qui, pour chacune de leurs histoires,
s'entourent de techniciens, de savants et de spécialistes
de haut niveau. De l'autre, on côtoie les "rêveurs",
les iconoclastes, les fantaisistes de tous poils pour qui l'espace
devient, plus que jamais, le lieu de tous les possibles. Et le chassé-croisé
entre les uns et les autres commence dés 1950. Avec,
en prime, l'arrivée d'un nouvel outil qui va jouer un rôle
non négligeable dans la popularisation des thèmes
liés à la conquête spatiale : la télévision.
Par où commencer ? Par les réalistes. Où
ça ? Au cinéma. 1950, c'est l'année
de la sortie aux U.S.A. de Destination Moon d'Irving
Pichel, produit par George Pal, sur un scénario de Robert
Heinlein, Rip Van Ronkel et James O'Hanlon. Les décors (hyperréalistes)
sont signés Chesley Bonestell, qui est à peu près
à l'"art spatial" ce que Picasso est au cubisme,
son grand novateur et son incarnation. Historiquement parlant, Destination
moon est aussi important que Le voyage dans la
lune de Méliès et le 2001
de Kubrick. Son succès est tel qu'il ressuscite à
lui tout seul le cinéma de science-fiction américain
alors moribond. Et pourtant, ce film relève à peine
de la S.F. Pal, le producteur, a voulu jouer la carte du documentaire-fiction.
Tout a été pesé, mesuré, vérifié,
soumis à l'autorité de savants et de théoriciens
de la conquête spatiale afin de coller d'aussi près
que possible à la réalité. Mais c'est ce qui
séduit et rassure. Dés lors, les voyages dans l'espace
vont devenir l'un des thèmes majeurs du cinéma populaire
américain. Tous les réalisateurs qui, par
la suite, s'inspireront de Destination moon n'accorderont
pas à l'exactitude scientifique l'importance qu'elle revêt
aux yeux de George Pal et d'Irving Pichel, mais la plupart prendront
en compte tout ou partie des leçons contenues dans leur film.
Il est impossible d'examiner dans le détail les oeuvres
de ces réalisateurs. On se contentera, par conséquent,
de quelques titres se voulant représentatifs de la production
"réaliste" des années 50 : Rocketship
X-M, de Kurt Neumann (1950) et Flight to Mars
de Lesley Selander (1951) sont deux films qui oscillent entre "réalisme"
et space opera avec de pauvres moyens. When worlds collide
de Rudolph Mate (1952) est une production George Pal où l'on
retrouve Chesley Bonestell aux décors. Son thème est
connu : de la fuite dans l'espace considérée
comme une planche de salut pour quelques élus. Project
Moonbase de Richard Talmadge (1953) est l'épisode
pilote d'une série T.V. qui n'a jamais vu le jour, Ring
around the moon, et qui, par conséquent, a été
projeté en salles. Le scénario est signé Robert
H. Heinlein. Spaceways de Terence Fisher (1953)
est une production britannique émanant de la Hammer, modeste
société spécialisée dans les séries
B qui, à l'époque, en est encore à chercher
son style.[9] Riders
to the stars de Richard Carlson (1954) est presque un documentaire
sur la conquête de l'espace au scénario pesant et bavard.
Conquest of space de Byron Haskin (1955) est une
nouvelle production George Pal inspirée de The Mars
project, un livre de von Braun. C'est tout dire !
Satellite in the sky de Paul Dickson (1956) est
un petit film-catastrophe réalisé en Angleterre aux
effets spéciaux particulièrement soignés et
au scénario paresseux. Enfin, Niebo Zowiet
(distribué en Angleterre sous le titre The sky calls)
d'Aleksander Kozyr et Mikhail Karyukov (1959) constitue la première
grande contribution soviétique à la conquête
cinématographique de l'espace et se veut une sorte de chant
triomphaliste saluant sur le mode science-fictionnel la prouesse
réalisée en 1957 avec le lancement de Spoutnik.
Les voyages dans l'espace n'ont pas que de bons côtés.
On le sait depuis Alien, mais à l'époque
on l'ignorait : là-haut, on ne vous entend pas crier.
Et nous, pauvres totos cloués au plancher des vaches, à
force de rester sourds à la cacophonie des sphères,
nous risquons d'être désagréablement surpris
par les aspects imprévisibles de la conquête du cosmos...
Tel est, en gros, le "message" de The Quatermass
Xperiment (Le monstre) de Val Guest (G.B.,
1955) qui nous montre l'abominable transformation dont est victime
un astronaute de retour sur terre après sa rencontre dans
l'espace avec une matière organique inconnue. Ce film, qui
adapte le premier épisode d'une série T.V. très
populaire en Grande Bretagne, est un petit chef d'oeuvre de noirceur
horrifique dont le thème sera repris un nombre incalculable
de fois par des cinéastes sensiblement moins inspirés
que Val Guest. Parmi ces imitations, citons pour ne plus en parler
First man into space (1959), The crawling
hand (1963), Mutiny in outer space (1965),
etc. Si nous, Terriens, pouvons voyager dans l'espace,
il est probable que les habitants d'autres planètes sont
capables d'en faire autant. Cette "évidence" s'impose
avec force au cinéma dans les années 50 à tel
point que les films d'invasion extra-terrestre deviennent la spécialité
de la décennie.[10]
Les mentionner dans un essai comme celui-ci nous ferait dévier
de notre sujet. On en retiendra cependant un, et un seul :
It came from outer space (Le météor
de la nuit) de Jack Arnold sur un scénario de Ray
Bradbury (1953). Pourquoi celui-là ? Parce qu'il mêle
assez adroitement deux thèmes, celui du voyage dans l'espace
et de ses aléas et celui de l'invasion extra-terrestre. Ceux
que les Terriens prennent pour des envahisseurs sont tout simplement
des voyageurs de l'espace tombés en panne d'astronef à
proximité de notre planète... On a beau être
Martien, on n'est pas infaillible ! Avec des films
comme The Quatermass Xperiment et It came
from outer space, on s'éloigne doucement (mais sûrement)
du réalisme cher à George Pal et à ses héritiers.
C'est que l'espace est tellement à la mode dans les années
50 que cinéastes (et auteurs de B.D. comme on le verra plus
loin) le mettent à toutes les sauces. Le serial, bien qu'agonisant,
continue d'en faire un champ de bataille où s'affrontent
Terriens, Martiens et autres créatures d'outre-monde (Flying
disc man from Mars, 1951, 12 épisodes, réalisé
par Fred C. Brannon, Radar men from the Moon, 1952,
12 épisodes, réalisé par Fred Brannon, Zombies
of the stratosphère, 1952, 12 épisodes, réalisé
par Fred Brannon, The lost planet, 1953, 15 épisodes,
réalisé par Spencer Bennet) pendant que la télévision
prend le relai (Captain Video, 1949-1956, Tom
Corbett, space cadet, 1950-1954, Space patrol,
1950-1956, Buck Rogers, 1950... avant
sa résurrection de 1979 encore dans toutes mémoires !,
Rod Brown of the Rocket Rangers, 1953-1955, Commando
Cody, sky marshall of the universe, 1955, etc.). On notera,
au passage, que le space opera sied bien au petit écran puisque
toutes les séries de S.F. qui voient le jour aux Etats Unis
dans les années 50 mettent en scène des héros
de l'espace. Sans doute ces choix obéissent-ils à
des impératifs économiques mais il n'y a pas que ça.
A cette époque, dans l'esprit du jeune public consommateur
de séries T.V., science-fiction et aventure spatiale ne font
qu'un et l'on ne saurait imaginer d'autres débouchés
télévisuels à la S.F. que celui-ci. Il faudra
attendre la Twilight Zone de Rod Serling, qui fait
ses débuts en 1959, pour que les choses évoluent.
Mais cette fois, c'est le public adulte qui est visé...
Le voyage dans l'espace fournit aussi leur thème à
de nombreuses comédies (assez lamentables, dans l'ensemble).
En 1953, Abbott et Costello s'envolent pour Mars
(Abott & Costello go to Mars de Charles Lamont).
En 1957, c'est Toto, le comique italien, qui se
pose sur la lune (Toto nella luna de Stafano Steno)
tandis que les Trois Stooges attendent 1959 pour
visiter Vénus (Have rocket will travel de
David Lowell Rich) avant d'affronter des Martiens belliqueux en
1962 (The three Stooges in orbit d'Edward Bernds),
l'année même où Bob Hope et Bing Crosby font
une visite éclair à la planète Plutonium (Road
to Hong Kong, de Norman Panama). Entretemps, les clowns
mexicains Viruta et Capulina ont joué Los astronautas
auprès de Vénusiennes (Miguel Zacarias, 1960). Le
filon (?) de la comédie spatiale sera encore exploité
tout au long des années soixante avec des films comme El
conquistador de la luna (1960, Rogelio A. Gonzalez, Mexique),
Moon pilot (1962, James Neilson, une production
Walt Disney), Mouse on the moon (1963, Richard
Lester), Way... way out (1966, Gordon Douglas,
avec Jerry Lewis), The reluctant astronaut (1967,
Edward J. Montaigue), etc. Mais les années cinquante
font aussi la part belle aux rêveurs, aux iconoclastes, à
ces auteurs délirants, imaginatifs et décomplexés
que dans le même temps, en France, on s'efforce d'étouffer.
Certains titres parlent d'eux-mêmes et tant pis si les films
auxquels ils correspondent n'ont pas toujours les moyens d'aller
jusqu'au bout de leurs intentions... Cat women of the moon
(1953, Arthur Hilton, qui en réalise un remake en 1958 sous
le titre de Missile to the moon), Fire
maidens from outer space (1956, Cy Roth, G.B.), War
of the satellites (1958, Roger Corman), Teenagers
from outer space (1959, Tom Graeff), etc. Mais dans ce
domaine du rêve, de l'imagination et de l'invention, les deux
films les plus importants de la décennie restent, bien sûr,
This island Earth (Les survivants de l'infini
- Joseph Newman, 1955) et Forbidden planet (Planète
interdite - Fred M. Wilcox, 1956). This
island Earth dépeint le périple d'un couple
de Terriens enlevés par des extra-terrestres vers le monde
agonisant de Métaluna. Les décors sont beaux, sinon
convaincants, les effets spéciaux sont assez réussis
pour l'époque, et le scénario, d'un rare pessimisme,
relève d'une science-fiction prenant peu à peu conscience
de sa maturité. La vraisemblance scientifique (ne parlons
pas d'"exactitude"!) n'est cependant pas du voyage...
Le vaisseau des Métaluniens fait un bruit d'enfer dans le
vide intersidéral et franchit, avant d'atteindre sa destination,
un très improbable "mur de la chaleur" dont la
nature et la raison d'être demeurent un mystère...
Forbidden planet, de son côté,
compte parmi les dix ou quinze films de S.-F. les plus célèbres
de toute l'histoire du cinéma. Son scénario, qui s'inspire
de La tempête de William Shakespeare, est
trop connu pour qu'on s'y attarde mais se souvient-on du texte lu
par le narrateur en ouverture ? Il mérite d'être
reproduit ici car, en quelques lignes, il en dit long sur la vision
qu'avaient les Américains de la conquête de l'espace
en 1956 : "Au cours de la dernière décennie [11] du XXIe siècle,
des hommes et des femmes à bord de vaisseaux-fusées
se posèrent sur la lune. En 2200 après Jésus-Christ,
les humains avaient atteint les autres planètes de notre
système solaire. Presque à la même époque
eut lieu la découverte de l'hyper-énergie grâce
à laquelle la vitesse de la lumière fut d'abord égalée
et ensuite largement dépassée. C'est ainsi que l'humanité
entreprit enfin la conquête et la colonisation de l'espace
interplanétaire... Le croiseur des Planètes Unies
C-57-D, depuis plus d'une année, a quitté sa base
terrestre pour accomplir une mission spéciale vers le système
planétaire de l'étoile de première grandeur
Altaïr." Que nous dit ce texte? Que l'espace
a changé dans l'imaginaire des spectateurs. Qu'il s'étend
désormais bien au-delà du système solaire et
que, pour franchir les distances phénoménales qui
nous séparent des autres étoiles, de simples fusées
ne suffisent plus. Il faut recourir à une autre physique,
appliquer d'autres lois que celles permettant à un astronef
d'aller jusqu'à la lune. En d'autres termes, Forbidden
planet témoigne de la prise en compte par la science-fiction
cinématographique des lois de la relativité et de
leur vulgarisation. Désormais, pour être "vraisemblable",
il faudra en passer par là. Ces lois, et les paradoxes
qui en découlent, fournissent matière à d'autres
films. Pour ce que l'on en retient, elles se révèlent
très stimulantes pour l'imagination. Peu importe, par conséquent,
que leur emploi scénaristique ne soit pas vraiment conforme
aux théories des physiciens. C'est grâce à elles,
en tout cas, que les quatre astronautes du film d'Edward Bernds
World without end (1956) se retrouvent en l'an
2508 et que le pilote de Beyond the time barrier (Edgar
G. Ulmer, 1960) se voit catapulté dans le futur. En 1968,
elles joueront un tour semblable à Charlton Heston dans Planet
of the apes (La planète des singes
de Franklin J. Schaffner) et on les retrouvera ensuite dans quantité
de productions, des plus ambitieuses (films de la série Star
Trek) aux plus modestes (The spaceman and King
Arthur, par exemple). Ce qui permet aux créateurs
que j'ai appelés les "iconoclastes" de s'en donner
à c ur joie aux Etats Unis, c'est la bande dessinée
et, plus précisément, les comic books.[12] Dans Weird Science
et Weird Fantasy, deux titres publiés à
partir de mai-juin 1950 par la firme E.C. où l'on croise
des noms tels que Frank Frazetta, Al Williamson, Wallace Wood, Al
Feldstein, Harvey Kurtzman, Ray Bradbury, etc., l'espace devient
un vrai cauchemar pour ceux qui s'y égarent. Une histoire
comme 50 girls 50, par exemple, publiée
dans le n 20 de Weird Science (juillet-août
1953), fait du voyage vers une autre étoile son thème
de départ. La durée d'un tel voyage implique que les
passagers soient mis en état d'hibernation. Maintenant, imaginez
que ces passagers soient au nombre de cent et qu'il y ait cinquante
hommes et cinquante femmes... Dans cette histoire, l'un des hommes
a décidé d'éliminer tous les autres et de réveiller
les femmes l'une après l'autre en leur faisant croire que
quelque chose s'est déréglé dans le système
d'hibernation et qu'il va leur falloir passer le reste de leur vie
ensemble. A chaque fois qu'il se lassera de celle qu'il aura réveillée,
il lui suffira de l'éliminer et de recommencer avec une autre.
Seulement voilà, il n'est pas le seul à avoir eu cette
idée... Ce qui fonde l'originalité et la saveur des
E.C. Comics, outre la qualité de leurs dessins, c'est leur
extrême férocité. Celle-ci finira d'ailleurs
par les perdre, mais c'est une autre histoire. Strange
Adventures et Mystery in space, deux titres
de la firme D.C. qui voient le jour à peu près en
même temps que Weird Science et Weird
Fantasy, auront plus de chance que leurs concurrents. Il
est vrai qu'ils pratiquent un humour bien moins dévastateur.
Mais, à y regarder de près, les histoires publiées
dans ces deux comic books ne manquent pas d'une certaine perversité.
Car cette fois, non seulement on nage en pleine invraisemblance,
mais on l'assume et on la revendique au point de l'ériger
en style. Prenez le Space cabby, par exemple, un
héros apparu dans le n 24 de Mystery in space
et dont la plupart des aventures seront écrites par Otto
Binder et dessinées par Gil Kane. C'est un chauffeur de taxi
qui opère dans l'espace à bord d'un petit astronef
et se comporte comme s'il roulait dans les rues de New York ou de
San Francisco. "Conduire un taxi à travers l'espace
n'est pas le meilleur moyen de s'enrichir, croyez-moi !"
aime-t-il à répéter avant d'aller dévorer
un hamburger dans un fast-food installé sur un astéroïde
ou de prendre sa place dans la file des vaisseaux qui attendent
au péage de l'autoroute des étoiles... L'univers du
Space cabby se veut tout sauf réaliste.
Et il en va de même pour la plupart des histoires publiées
dans Strange adventures et Mystery in space,
deux magazines dont la désinvolture et l'impertinence témoignent
de la soudaine familiarisation du jeune public américain
avec les thèmes liés à la conquête de
l'espace. En Europe, dans les années cinquante,
la situation est sensiblement différente, encore qu'il ne
faille pas confondre ce qui se passe en France avec ce que l'on
peut voir en Angleterre, par exemple, où, le 14 avril 1950,
débutent les aventures de Dan Dare dans
les pages du magazine Eagle. Dan Dare,
uvre conjointe du Révérend Marcus Morris (scénarios)
et de Frank Hampson (dessins), est un officier des escadres interplanétaires
de l'O.N.U. (qui a d'abord failli être une femme, puis un
aumônier de l'espace!). Jusqu'en 1955, ses exploits sont limités
"à un système solaire très peuplé
et doté d'une riche histoire" (Pierre Couperie). Ensuite,
la série devient interstellaire. C'est une bande superbe
aux histoires originales et aux dessins somptueux qui joue davantage
la carte du réalisme (des décors, des vaisseaux, des
personnages...) que celle de la stricte "vraisemblance"
scientifique. Quatre ans plus tard, toujours en Angleterre, naît
Jeff Hawke, space rider, de Sidney Jordan, dans
le Daily Express. Cette fois, c'est le public adulte
qui est visé. Les voyages dans l'espace deviennent vite le
lot quotidien du héros, mais l'espace en question offre peu
de points communs avec celui des astronomes. Dieux et déesses
y côtoient Grands Anciens et entités de toutes sortes.
Les distances s'abolissent de par la seule vertu de la pensée.
Le temps ne compte plus et l'on nage en pleine fantasy...
Pendant ce temps, en France (et en Belgique), les jeunes
lecteurs de l'hebdomadaire Tintin découvrent
Objectif Lune et On a marché sur
la Lune... Ces deux histoires disent bien l'image de la
"conquête spatiale" que l'on entend proposer à
la jeunesse franco-belge. On peut rêver, certes, mais dans
les limites autorisées par la Loi. Car c'est bien de cela
qu'il s'agit. Pour s'en convaincre, il suffit de rappeler qu'à
la même époque (1952-1953), L'Epervier bleu,
personnage créé par Sirius dans Spirou,
se voit contraint de regagner la Terre à toute vitesse après
un séjour-éclair dans l'espace (in La planète
silencieuse) pour cause d'"influence néfaste
sur la jeunesse". Pourtant, elle est bien sage, l'histoire
de Sirius, mais il a eu le tort d'expédier son héros
sur la face cachée de la Lune pour y rattraper un groupe
de bandits et leurs otages. Et cette situation a été
jugée "trop invraisemblable" par la toute récente
et zèlée "Commission de Surveillance et de Contrôle
des Publications destinées à l'Enfance et à
l'Adolescence." Rien de tel chez Tintin,
évidemment. Son expédition lunaire prend en compte
toutes les connaissances de l'époque en matière de
voyage spatial et n'ajoute rien qui puisse être taxé
d'"invraisemblable". La Lune d'Hergé est bien l'astre
mort que les astronomes contemplent à travers leurs télescopes
et les moyens techniques mis en uvre pour s'y rendre sont tels que
les imaginent déjà les théoriciens de la conquête
de l'espace : considérables. Mon intention
n'est pas de dénigrer l' uvre d'Hergé. Comme tout
le monde, j'admire son épopée lunaire pour sa rigueur,
son mélange d'aventure et de burlesque, sa construction,
son élégance... tout, quoi. Mais force m'est de reconnaître
que l'imaginaire, cet ennemi des censeurs et des moralistes, n'y
trouve pas son compte et que le rêve, le vrai, n'y a pas sa
place. Cependant, la voie est tracée et hors d'elle, il n'y
aura presque pas de salut pour les voyageurs de l'espace francophones
avant le milieu des années soixante... "Presque",
car la vigilance de la Commission de Surveillance et de Contrôle
se relâche dés que l'on quitte le territoire des grands
illustrés pour la jeunesse. Et au-delà s'étend
une jungle où la plupart des porteurs refusent de nous suivre,
celle des "petits formats" et des "récits
complets". Là, c'est la débauche, l'ivresse,
le vertige... Ça commence en 1953 avec Météor
des éditions Artima. Giordan pour le dessin et Lortac pour
les textes nous y invitent à suivre de planète en
planète le docteur Spencer, Sam Spade et le mécanicien
Texas à bord de leur fusée Spacegirl. Ça continue
avec des titres comme L'an 2000 (1953), Aventures
de demain (1956), Cosmos (1956, Artima
encore, avec du matériel espagnol), Atom-Kid
(idem avec, en prime à partir du n 7, un excellent space
opera d'origine britannique : La famille Rollinson
dans l'espace), et ça se poursuit avec Sidéral
et Aventures Fiction (traduction chez Artima des
bandes paraissant dans Strange Adventures et Mystery
in space), Monde Futur, Spoutnik,
Kon Tiki (magazine édité en 1959
chez Impéria contenant une bande intitulée Les
enfants de l'espace), etc. Même des héros
tels que Bibi Fricotin, Charlot
ou Les Pieds Nickelés, que rien ne prédisposait,
à priori, à s'envoler pour d'autres mondes, effectuent
de gré ou de force un ou plusieurs voyages interplanétaires
(Bibi Fricotin et les soucoupes volantes, Bibi
Fricotin et les Martiens, Charlot pionnier interplanétaire,
Charlot sur la lune, Les Pieds Nickelés
sur Bêta 2...). Il résonne fort, tout au long
des années cinquante, l'appel des étoiles, dans ces
petits illustrés auxquels on refuse l'accès des maisons
bourgeoises. Si fort qu'il incite quelques héros de journaux
"respectables" à imiter leurs fort inconvenants
confrères. En 1958, le très oublié Alain
Cardan de Gérald Forton effectue une timide sortie
dans l'espace dans Allô, ici Vénus,
qui paraît dans Spirou, et en 1960 le Dan
Cooper d'Albert Weinberg, qui a déjà visité
un satellite artificiel dans Le maître du soleil (1958),
met Cap sur Mars dans le Journal de Tintin.
A peu près à la même époque déferlent
en France quantité d'ouvrages qui, soit sous forme de bandes
dessinées, soit sous celle de livres illustrés, familiarisent
les jeunes lecteurs avec les aspects scientifiques et techniques
de la conquête spatiale. Quelques titres pris au hasard :
la série Aventures dans l'espace de Willy
Ley, illustrée par J. Polgreen (1958, éditions des
deux coqs d'or), A la découverte de l'espace
de R. Wyler, illustré par T. Gergely (1959, éditions
des deux coqs d'or), Bientôt... les voyages interplanétaires
(1960, série Le monde qui nous entoure),
L'homme dans l'espace (1960, série les
albums filmés J, O.D.E.J.), Fusées,
réacteurs et missiles (1960, Classiques
illustrés - série spéciale), etc.
Ces titres, d'origine américaine, témoignent
de la sensibilisation croissante des mentalités au thème
des voyages dans l'espace. Il faut bien ça pour qu'à
peine dix ans plus tard, ce thème trouve sa conclusion fantasmatique
avec le film de Kubrick 2001, l'Odyssée de l'espace,
et son aboutissement technologique avec la mission Apollo.
4 - Le silence des
espaces infinis...
S'il fallait désigner
quatre événements incarnant l'évolution du
rêve spatial occidental au cours des années 60, ce
serait, dans l'ordre, la parution du Barbarella
de Jean-Claude Forrest en 1962, la diffusion du premier épisode
de Star Trek à la télévision
américaine en 1966, la sortie du film de Kubrick 2001,
l'Odyssée de l'espace en 1968, et le débarquement
sur la Lune des membres de la mission Apollo XI le
lundi 21 juillet 1969. Apparemment, ces quatre événements
n'ont rien à voir entre eux. Pourtant, ils participent, chacun
à sa manière, d'un seul et même phénomène
que j'ai nommé : "appel des étoiles".
Barbarella est une bande qui a été
mal comprise au moment de sa publication dans V-Magazine
en 1962 et plus encore lors de sa sortie en album chez Losfeld en
1964 (l'année où Dick Tracy pouvait
s'exclamer : "J'aurais vécu suffisamment
pour voir les peuples voyager d'une planète à l'autre"...).
On n'a voulu y voir qu'une série "impudique", s'adressant
à des intellectuels frondeurs en mal de sensations troubles [13] alors que la très relative liberté
de m urs dont jouit l'héroïne de Forest est avant tout
le signe d'une reconquête, celle de ces "terrains vagues
livrés à l'imagination" dont parle Eduardo Rothe
à propos des "territoires d'ultraciel" dans un
texte écrit en 1969.[14]
Jacques Chambon, l'actuel directeur de la collection Présence
du Futur, est l'un des rares à l'avoir pressenti.
"S'il place au centre de ses histoires une héroïne
aux moeurs libertines," explique-t-il dans un article
publié dans le n 7 du fanzine Mercury (février
1966), "Forest cherche essentiellement à créer
des situations nouvelles. L'humour de ses croquis et de son texte,
l'étonnante diversité de ses personnages et de sa
faune, l'invention surréaliste, l'insolite des paysages,
tout cela situe l' uvre de Forest en dehors des préoccupations
essentiellement érotiques." Aussi la parution
de Barbarella a-t-elle engendré un double
phénomène. D'une part, elle a donné naissance
à une quantité invraisemblable d'héroïnes
cosmiques qui, de Scarlett Dream (R. Gigi, C. Moliterni)
pour le haut de gamme à Selene, Alika
et autres Gesebel pour le lumpenprolétariat
d'expression graphique, constituent autant de variations sur le
thème de la "femme-à-poil-de-l'espace".
D'autre part, et c'est le plus important, elle a libéré
la bande dessinée des liens qui l'entravaient et permis à
des bandes comme les Naufragés du temps
ou même Valérian d'exister. (Pour
les Naufragés du temps [dessins de Gillon],
d'ailleurs, rien de très étonnant, puisque Forest
en est le premier scénariste.) En d'autres termes, Barbarella
marque non pas la naissance de la "bande dessinée pour
adultes" mais celle de la "bande dessinée adulte"
tout court. Et l'espace s'y identifie aux rêves de liberté
et d'émancipation de toute une génération.
Peu importe le "réalisme", désormais.
Tintin a, en quelque sorte, épuisé
le sujet. Maintenant, si l'on voyage dans l'espace, dans la bande
dessinée, c'est pour s'éclater, pour rêver,
pour côtoyer l'impossible. Témoin ces bandes qui paraissent
en Italie, Cinque della selena (1966 - Milano Milani
pour le texte, Dino Battaglia pour le dessin), où de sages
Martiens indiquent à un groupe de Terriens le chemin d'un
autre univers, ou Cinque su Marte (1967, Dino Battaglia)
où est décrite une expédition sur Mars effectuée
à bord d'un astronef marchant au charbon au début
du siècle... Témoin aussi les bandes de S.F. paraissant
dans Pilote. Valérian,
bien sûr, dont il sera question plus loin, mais également
Lone Sloane de Philippe Druillet, qui fait ses
premiers pas chez Losfeld en 1966. Dans Lone Sloane,
ce n'est plus seulement le héros qui sillonne les routes
de l'espace mais l'espace lui-même qui voyage à l'intérieur
de la bande dessinée pour en faire imploser les codes, les
cases, l'esthétique... Eblouissante démonstration
de liberté, d'invention, d'émancipation.
Les leçons de Barbarella et de Lone
Sloane sont comprises jusqu'aux Etats Unis où apparaissent,
d'abord le personnage du Silver Surfer, (1966)
"poor lonesome spaceman" exilé sur une Terre convoitée
par d'inconcevables entités venues d'outre-espace, ensuite
celui de Sally Forth de Wallace Wood (1969), revanche
erotico-inconvenante d'un ancien pilier des E.C. Comics. Dans un
cas comme dans l'autre, la B.D. de S.F. made in U.S.A. affirme,
elle aussi, son émancipation et son droit à l'impertinence.
Mais ce qui marque le plus la décennie aux Etats Unis,
c'est la diffusion de Star Trek à la télévision
à partir de 1966. Star Trek n'est pas la
première série télévisée se déroulant
dans l'espace, beaucoup s'en faut. Oubliant toutes les feuilletons
pour enfants qui ont vu le jour dés la fin des années
40, les critiques spécialisés s'accordent généralement
pour décerner la médaille de "Premier vrai space
opera télévisé de l'age de l'espace" à
Lost in space, série produite à partir
de 1965 par Irwin Allen et contant les aventures d'une famille,
les "Robinson", errant dans le cosmos par suite du sabotage
du système de contrôle de l'astronef où elle
s'est embarquée... De plus, en 1966, les petits écrans
du monde entier se sont déjà mis à l'heure
spatiale. Par exemple, le mardi 11 décembre 1962, la télévision
française a diffusé une dramatique réalisée
par Alain Boudet sur un scénario de Michel Subiela tiré
du roman de E.C. Tubb Le navire étoile.
Cette histoire repose entièrement sur le thème du
voyage dans l'espace puisqu'elle dépeint la vie à
bord d'un vaisseau gigantesque où se succèdent plusieurs
générations, mais son adaptation n'a pas été
jugée suffisamment convaincante par les télespectateurs
franco-français pour que semblable expérience soit
renouvelée.[15]
Pour Star Trek, en revanche, aux Etats Unis, c'est
le triomphe. "Espace," dit la voix d'un commentateur
en ouverture, "frontière de l'infini vers laquelle
voyage notre vaisseau spatial. Sa mission de cinq ans : explorer
de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles
vies, d'autres civilisations et, au mépris du danger, avancer
vers l'inconnu."[16]
Pourquoi Star Trek remporte-t-il un tel succès
auprès du public américain ? La qualité
de ses scénarios, de ses décors et de ses interprètes
y est sans doute pour beaucoup mais, comme le pense Gene Roddenberry,
le producteur, cela n'explique pas tout. Le "message"
de Star Trek, selon Roddenberry, c'est que l'homme
est une "étrange créature qui n'en est qu'au
tout début de son évolution, qui fait preuve de lâcheté,
de violence, de faiblesse, et dont le comportement est souvent incompréhensible,
mais qui, malgré tout, est sacrément magnifique."
Star Trek annonce la grande aventure des prochaines
décennies, la "nouvelle frontière" à
laquelle l'homme va s'attaquer. C'est un hymne à la conquête
spatiale, le prolongement d'un rêve, l'incarnation sublime,
humaniste et naïve du Désir qui anime tout un peuple :
se lancer, enfin, à l'assaut du ciel. Par une singulière
ironie du sort, cette saga s'achèvera en 1969, l'année
même où le Désir d'Espace de l'homo americanus
trouvera enfin de quoi s'assouvir "pour de vrai" sur le
sol lunaire. Au cinéma, dans les années 60,
la course à l'espace s'accélère. Tout le monde
s'y met : Américains, Italiens, Espagnols, Anglais,
Allemands, Suédois, Japonais, Tchèques, Polonais,
Russes, Roumains... Il n'y a guère que les Français
que cela ne semble pas intéresser. Et encore... Le Barbarella
que signe Roger Vadim en 1966, avec Jane Fonda dans le rôle
principal, est une coproduction franco-italienne. Il est vrai qu'il
s'agit d'un film un peu particulier dont on ne peut dire qu'il a
pour réel sujet la conquête du Cosmos. En
fait, deux conceptions de l'espace s'affrontent sur les écrans
du monde avant que ne tombe 2001. D'un côté,
il y a les pays de l'Est qui prennent la chose très (trop?)
au sérieux avec des films comme Der Schweigende Stern
(1960, Kurt Maetzig, Pologne/R.D.A., d'après un roman de
Stanislas Lem [17]),
Planeta bour (1962, Pavel Klushantsev, U.R.S.S. [18]), Icarie XB-I (1963,
Jindrich Polak, Tchécoslovaquie [19])
ou Toumanosti Andromedi (1968, Yevgeny Sherstobitov,
U.R.S.S., d'après le roman d'Ivan Efremov La Nébuleuse
d'Andromède). De l'autre, il y a les Occidentaux
qui font du voyage dans l'espace le thème de prédilection
de leurs séries B et Z. Quelques titres : Space
men (1960, Antonio Margheriti, Italie), I pianeta
degli uomini spenti (1961, Antonio Margheriti, Italie),
Journey to the seventh planet (1961, Sidney Pink,
U.S.A./Suède), Mouse on the Moon (1963,
Richard Lester, Angleterre), First men in the Moon (1964,
Nathan Juran, Angleterre, d'après H.G. Wells), Robinson
Crusoe on Mars (1964, Byron Haskin, U.S.A.), Terrore
nello spazio (1965, Mario Bava, Italie/Espagne), Way
way out (1966, Gordon Douglas, U.S.A., avec Jerry Lewis),
The terrornauts (1967, Montgomery Tully, Angleterre,
sur une scénario de John Brunner), etc. Dans ces films, le
moins qu'on puisse dire, c'est que la vraisemblance et l'exactitude
scientifique ne font pas partie des préoccupations des auteurs.
Il n'y a guère que le très soporifique Countdown
de Robert Altman (1966, U.S.A.) qui tente de prolonger la tradition
réaliste qui a prévalu au début des années
50. Les autres, tous les autres, brassent allégrement des
genres aussi divers que le western, le nudie, le film d'aventure
et le film d'épouvante pour nous offrir une vision du voyage
dans l'espace beaucoup plus proche de celle des pulps des années
30 et 40 que de celle de von Braun. Et c'est au milieu de ce joyeux
désordre qu'explose la bombe 2001.
"L'intrigue proprement dite n'a, dans ce film, qu'une
importance secondaire," peut-on lire dans le n 1-bis
de mars-avril 1969 du magazine Chroniques de l'Art Vivant.[20] "C'est la forme qui est essentielle.
Le vrai sujet d'Odyssée spatiale (sic !)
n'est pas la naissance de l'humanité, la folie meurtrière
d'un computer géant ou la rencontre sur Jupiter d'un Etre
supérieur. Le vrai sujet du film, ce sont les vaisseaux flottant
avec une lenteur irrésistible d'un bord à l'autre
de l'écran, le mouvement perpétuel de la station spatiale
en forme de roue, le survol en rase-motte du sol lunaire, la plongée
dans les nébuleuses et la fantastique chevauchée du
module au-dessus de paysages agrandis aux dimensions d'un rêve.
Les apparences sont ici plus parlantes que les anecdotes car elles
racontent une histoire où l'Espace tient le premier rôle."
On n'a pas fini de mesurer l'importance historique, culturelle,
technique et esthétique du film de Kubrick. Avec lui, l'Espace
change de visage. Il devient ce "radicalement autre" devant
lequel l'homme ne peut que s'incliner, cet infini au silence incommensurable
qui exige une métamorphose de l'humanité pour être
approché. On y a vu le premier grand film de science-fiction
de l'histoire du cinéma. D'un certain point de vue, c'est
peut-être aussi le dernier. En tout cas, en allant jusqu'au
bout du rêve, il montre ce que représente l'Espace
dans l'inconscient de ceux qui croient encore à sa conquête :
l'obscur objet du désir. Le 21 juillet 69 à
3h56, Neil Armstrong pose son pied gauche sur le sol lunaire et
s'exclame : "Ça y est ! Je tâte
le sol ! C'est dur. C'est très ferme. Ça ressemble
à de la poussière de charbon." Puis, après
un instant de silence, il reprend d'une voix calme : "Je
marche. Je n'ai aucune difficulté à marcher. Tout
est plat autour de moi. Dieu que c'est beau! Une magnifique désolation!...
C'est un petit pas pour l'homme que je viens de faire, mais c'est
un bond de géant pour l'humanité."
On connaît la suite. Le 7 décembre 1972, Apollo
17, la dernière mission pilotée lunaire américaine,
s'envolera vers la lune. Puis le programme tout entier sera abandonné.
Dorénavant, priorité sera donnée aux stations
et aux vols orbitaux ainsi qu'aux sondes inhabitées. L'imaginaire
s'en trouvera-t-il affecté ? Et comment !
(troisiéme partie)
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