UN
TERRIEN SUR MARS Notre correspondant particulier
a réussi à obtenir de Grego BANSHUCK une relation
détaillée de ses aventures sur la planète Rouge.
La place dont nous disposons ne nous permet d'en donner ici que
les extraits les plus marquants, mais nous espérons acquérir
ultérieurement les droits de l'ouvrage que Grego BANSHUCK
et ses compagnons, les physiciens Kars GUGENCHOB, Gus N. HABERGOCK,
Oscar C. HENNBUGG, Grace G. HUCKSNOB et Ern SHUCKBAGG écriront
dans le courant de l'année 1959.
ARRIVEE SUR MARS.
Mars 1 toucha le sol de la quatrième planète à
14 heures, mais quinze heures avant ce contact nous sentions l'influence
d'une force supérieure qui alla en augmentant au fur et â
mesure de notre progression. Tous les six, nous éprouvions
la sensation que notre cerveau cessait presque de fonctionner. Cette
force hypnotique, comme nous devions le constater par la suite,
ne cessant de croître nous avions du mal à converser
et nous nous sentions Invinciblement poussés à agir
par une volonté plus forte que la nôtre. Nous continuions
à nous diriger, à vitesse réduite, pour atterrir
au sud de la grande configuration triangulaire dite Syrtis Major,
nettement indiquée sur toutes les cartes astronomiques de
Mars. Quelques heures avant de prendre contact, nous eûmes
conscience de recevoir un message impérieux et sans équivoque.
" Posez votre machine sur plaine triangulaire près sommet
Syrtis Major. Ne la quittez pas avant d'en avoir reçu l'ordre.
" Ce commandement hypno-télépathique, fut
perçu simultanément par chacun de nous. Nous obéîmes
. Les hublots nous permirent de contempler le soleil
brillant, mais maintenant bien plus petit, qui se profilait sur
un ciel bleu foncé, presque noir. Nous nous y attendions
d'ailleurs, car l'atmosphère de Mars est très peu
dense et ne pourrait mieux se comparer qu'à celle des couches
les plus élevées de notre stratosphère ; elle
est si faible que nul être humain ne serait capable d'y vivre
longtemps. Nous remarquâmes sur le sol d'un rouge vermillon
d'étranges marques. Nous vîmes aussi de bizarres machines
volantes, rondes, transparentes, ressemblant à des boites
à fromage et dépourvues de tout moyen de propulsion
visible. A l'horizon, de grandes structures brillantes paraissaient
se mouvoir. Soudain, cinq de ces boites volantes descendirent
et entourèrent MARS 1. Elles s'immobilisèrent à
29 pieds environ audessus de notre appareil en formant le cercle.
Nous entendîmes bientôt le message suivant : "
Restez inactifs pendant les opérations sanitaires. "
Aussitôt, tous les objets métalliques émirent
de longs filaments électriques, tandis que les objets non
métalliques, tels que nos corps, luirent d'une luminosité
inconnue, vert vif, qui nous brûlait et nous démangeait.
Nous éprouvâmes d'intolérables secousses internes.
Nous perdîmes tous connaissance ; aucun de nous ne sait combien
de temps nous demeurâmes dans cet état, ni ce qui se
passa durant cette période. En revanche, nous nous réveillâmes
en sursaut, tout â fait normaux et avec une extraordinaire
sensation de bien-être. Bientôt, on nous annonça
que nous pouvions quitter nos " machines ". Après
avoir coiffé nos casques en glastex, sphériques et
imperméables â l'air, endossé nos réservoirs
et passé nos combinaisons chaudes, nous débloquâmes
la porte scellée de l'appareil dans lequel nous venions de
vivre cinquante jours. Nous sentîmes immédiatement
le froid de l'atmosphère raréfiée et constatâmes
que la température de l'après-midi sur la nouvelle
planète est très inférieure à celle
de la glace fondante. Trois
Martiens se dirigèrent rapidement vers nous. Ils avaient
une taille mesurant presque dix pieds. Leurs gros torses en forme
de tonneau étaient surmontés d'une tête volumineuse,
avec des oreilles en coquille large de trente centimètres
et, ce qui nous étonna le plus, une trompe analogue à
celle des éléphants et longue de trois pieds. Pourtant,
le plus impressionnant, c'était de voir leurs yeux guetteurs,
qui se projetaient ou pouvaient se rentrer à volonté.
Ces gros yeux furent pour nous hypnotiques à l'extrême
et nous ne pûmes jamais éviter leur regard impératif.
Du sommet de leur tète sortaient deux grandes antennes comme
celles des insectes : leurs organes télépathiques.
La bouche était pareille à un bec aplati. Tout
leur corps était recouvert d'une toison laineuse destinée
à les préserver du froid. Leurs bras et leurs jambes
présentaient un aspect de minceur et de fragilité.
Ils avaient huit doigts à chaque main. Leurs pieds étaient
larges et palmés. Nous comprimes mieux plus
tard ces particularités physiques. Leur race est très
ancienne; elle a derrière elle plus de deux milliards d'années
d'évolution. Etant donné la faible gravité
qui règne sur Mars, son atmosphère n'a jamais été
dense. Par conséquent, pour survivre, les Martiens furent
contraints de développer l'ampleur de leurs poumons, ce qui
explique la dimension de leur torse, lequel est prépondérant
par rapport à tout le reste du corps. De même,
la taille des oreilles a été produite par la raré
faction de l'air, très mauvais conducteur du son. Les odeurs
n'y circulent pas mieux et c'est pourquoi le nez a évolué
en une trompe qui doit aller chercher les odeurs, au lieu de les
laisser arriver. Les bras et les jambes n'ayant guère
fourni de travail physique depuis plus d'un milliard et demi d'années,
ils se sont graduellement atrophiés. Le caractère
guetteur et la mobilité de leurs yeux leur valent de pouvoir
fixer et accommoder leur vision dans des conditions excellentes.
Ils n'ont pas besoin de verres grossissants ; leurs yeux télescopiques
fonctionnent comme une paire de caméras de précision
à soufflet. ANTENNES TELEPATHIQUES. Ce
qui nous intéressa le plus, ce fut leurs antennes télépathiques.
Elles firent leur apparition sur eux il y a un million d'années
environ, lorsque leur cerveau avait déjà atteint un
volume double du cerveau du Martien préhistorique. Il est
à l'heure actuelle colossal : neuf fois et demie à
peu près celui du cerveau humain. Les trois Martiens
s'étaient donc avancés vers nous. Arrêtés,
ils nous contemplaient comme si nous avions été une
portée de chiots nouveaux-nés. Leur contenance vraiment
super-intelligente semblait laisser apparaltre un sourire bienveillant,
mais sans la moindre trace d'étonnement ni de curiosité.
Nous comprimes bientôt qu'ils savaient tout ce que nous pensions,
tout ce que nous étions, tout ce que nous projetions. Le
chef, personnalité majestueuse et imposante, ne se distinguait
que par une sorte de large bracelet. Son corps scintillait en de
nombreux points, qui changeaient continuellement de couleur selon
un rythme qui nous parut bizarre. Il s'adressa à nous
par vole télépathique. Tandis qu'il parlait ainsi,
ses antennes s'inclinaient alternativement de gauche et de droite.
De temps à autre, pour insister, il bougeait légèrement
la tête. DÉSINFECTION
ÉLECTRONIQUE. En sa qualité
de "secrétaire" du Gouvernement Martien, il nous
souhaita en quelques mots la bienvenue, déclarant que notre
voyage leur était connu bien avant notre propre départ
de la Terre. Il indiqua aussi que les autorités sanitaires
avaient désiré la courte détention de quarantaine
que nous avions subie dans notre appareil, afin de permettre l'extermination
électronique des bactéries porteuses de maladies et
de tous autres véhicules infectieux. Il ajouta qu'il
nous communiquerait les pensées émises par les Martiens
de telle façon que, dans toute la mesure du possible, nous
puissions comprendre leur civilisation, leurs moeurs et leur mode
d'existence. Il conclut en précisant qu'il serait notre
compagnon permanent pendant tout notre séjour sur Mars et
qu'il essaierait de répondre à toutes nos questions
autant qu'il le pourrait.
La
suite ....
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