Satellite n°15, mars 1959UN TERRIEN SUR MARS
Notre correspondant particulier a réussi à obtenir de Grego BANSHUCK une relation détaillée de ses aventures sur la planète Rouge. La place dont nous disposons ne nous permet d'en donner ici que les extraits les plus marquants, mais nous espérons acquérir ultérieurement les droits de l'ouvrage que Grego BANSHUCK et ses compagnons, les physiciens Kars GUGENCHOB, Gus N. HABERGOCK, Oscar C. HENNBUGG, Grace G. HUCKSNOB et Ern SHUCKBAGG écriront dans le courant de l'année 1959.

 

ARRIVEE SUR MARS.
Mars 1 toucha le sol de la quatrième planète à 14 heures, mais quinze heures avant ce contact nous sentions l'influence d'une force supérieure qui alla en augmentant au fur et â mesure de notre progression.
Tous les six, nous éprouvions la sensation que notre cerveau cessait presque de fonctionner. Cette force hypnotique, comme nous devions le constater par la suite, ne cessant de croître nous avions du mal à converser et nous nous sentions Invinciblement poussés à agir par une volonté plus forte que la nôtre.
Nous continuions à nous diriger, à vitesse réduite, pour atterrir au sud de la grande configuration triangulaire dite Syrtis Major, nettement indiquée sur toutes les cartes astronomiques de Mars. Quelques heures avant de prendre contact, nous eûmes conscience de recevoir un message impérieux et sans équivoque.
" Posez votre machine sur plaine triangulaire près sommet Syrtis Major. Ne la quittez pas avant d'en avoir reçu l'ordre. "
Ce commandement hypno-télépathique, fut perçu simultanément par chacun de nous. Nous obéîmes .
Sur Mars ,la fusée prête au départLes hublots nous permirent de contempler le soleil brillant, mais maintenant bien plus petit, qui se profilait sur un ciel bleu foncé, presque noir. Nous nous y attendions d'ailleurs, car l'atmosphère de Mars est très peu dense et ne pourrait mieux se comparer qu'à celle des couches les plus élevées de notre stratosphère ; elle est si faible que nul être humain ne serait capable d'y vivre longtemps. Nous remarquâmes sur le sol d'un rouge vermillon d'étranges marques. Nous vîmes aussi de bizarres machines volantes, rondes, transparentes, ressemblant à des boites à fromage et dépourvues de tout moyen de propulsion visible.
A l'horizon, de grandes structures brillantes paraissaient se mouvoir.
Soudain, cinq de ces boites volantes descendirent et entourèrent MARS 1. Elles s'immobilisèrent à 29 pieds environ audessus de notre appareil en formant le cercle. Nous entendîmes bientôt le message suivant : " Restez inactifs pendant les opérations sanitaires. " Aussitôt, tous les objets métalliques émirent de longs filaments électriques, tandis que les objets non métalliques, tels que nos corps, luirent d'une luminosité inconnue, vert vif, qui nous brûlait et nous démangeait. Nous éprouvâmes d'intolérables secousses internes. Nous perdîmes tous connaissance ; aucun de nous ne sait combien de temps nous demeurâmes dans cet état, ni ce qui se passa durant cette période.
En revanche, nous nous réveillâmes en sursaut, tout â fait normaux et avec une extraordinaire sensation de bien-être. Bientôt, on nous annonça que nous pouvions quitter nos " machines ".
Après avoir coiffé nos casques en glastex, sphériques et imperméables â l'air, endossé nos réservoirs et passé nos combinaisons chaudes, nous débloquâmes la porte scellée de l'appareil dans lequel nous venions de vivre cinquante jours. Nous sentîmes immédiatement le froid de l'atmosphère raréfiée et constatâmes que la température de l'après-midi sur la nouvelle planète est très inférieure à celle de la glace fondante.
Trois Martiens se dirigèrent rapidement vers nous. Ils avaient une taille mesurant presque dix pieds. Leurs gros torses en forme de tonneau étaient surmontés d'une tête volumineuse, avec des oreilles en coquille large de trente centimètres et, ce qui nous étonna le plus, une trompe analogue à celle des éléphants et longue de trois pieds. Pourtant, le plus impressionnant, c'était de voir leurs yeux guetteurs, qui se projetaient ou pouvaient se rentrer à volonté. Ces gros yeux furent pour nous hypnotiques à l'extrême et nous ne pûmes jamais éviter leur regard impératif. Du sommet de leur tète sortaient deux grandes antennes comme celles des insectes : leurs organes télépathiques. La bouche était pareille à un bec aplati.
Tout leur corps était recouvert d'une toison laineuse destinée à les préserver du froid. Leurs bras et leurs jambes présentaient un aspect de minceur et de fragilité. Ils avaient huit doigts à chaque main. Leurs pieds étaient larges et palmés.


Nous comprimes mieux plus tard ces particularités physiques. Leur race est très ancienne; elle a derrière elle plus de deux milliards d'années d'évolution. Etant donné la faible gravité qui règne sur Mars, son atmosphère n'a jamais été dense. Par conséquent, pour survivre, les Martiens furent contraints de développer l'ampleur de leurs poumons, ce qui explique la dimension de leur torse, lequel est prépondérant par rapport à tout le reste du corps.
De même, la taille des oreilles a été produite par la raré faction de l'air, très mauvais conducteur du son. Les odeurs n'y circulent pas mieux et c'est pourquoi le nez a évolué en une trompe qui doit aller chercher les odeurs, au lieu de les laisser arriver.
Les bras et les jambes n'ayant guère fourni de travail physique depuis plus d'un milliard et demi d'années, ils se sont graduellement atrophiés.
Le caractère guetteur et la mobilité de leurs yeux leur valent de pouvoir fixer et accommoder leur vision dans des conditions excellentes. Ils n'ont pas besoin de verres grossissants ; leurs yeux télescopiques fonctionnent comme une paire de caméras de précision à soufflet.
ANTENNES TELEPATHIQUES.
Ce qui nous intéressa le plus, ce fut leurs antennes télépathiques. Elles firent leur apparition sur eux il y a un million d'années environ, lorsque leur cerveau avait déjà atteint un volume double du cerveau du Martien préhistorique. Il est à l'heure actuelle colossal : neuf fois et demie à peu près celui du cerveau humain.
Les trois Martiens s'étaient donc avancés vers nous. Arrêtés, ils nous contemplaient comme si nous avions été une portée de chiots nouveaux-nés. Leur contenance vraiment super-intelligente semblait laisser apparaltre un sourire bienveillant, mais sans la moindre trace d'étonnement ni de curiosité.
Nous comprimes bientôt qu'ils savaient tout ce que nous pensions, tout ce que nous étions, tout ce que nous projetions. Le chef, personnalité majestueuse et imposante, ne se distinguait que par une sorte de large bracelet. Son corps scintillait en de nombreux points, qui changeaient continuellement de couleur selon un rythme qui nous parut bizarre.
Il s'adressa à nous par vole télépathique. Tandis qu'il parlait ainsi, ses antennes s'inclinaient alternativement de gauche et de droite. De temps à autre, pour insister, il bougeait légèrement la tête.
DÉSINFECTION ÉLECTRONIQUE.
En sa qualité de "secrétaire" du Gouvernement Martien, il nous souhaita en quelques mots la bienvenue, déclarant que notre voyage leur était connu bien avant notre propre départ de la Terre. Il indiqua aussi que les autorités sanitaires avaient désiré la courte détention de quarantaine que nous avions subie dans notre appareil, afin de permettre l'extermination électronique des bactéries porteuses de maladies et de tous autres véhicules infectieux.
Il ajouta qu'il nous communiquerait les pensées émises par les Martiens de telle façon que, dans toute la mesure du possible, nous puissions comprendre leur civilisation, leurs moeurs et leur mode d'existence.
Il conclut en précisant qu'il serait notre compagnon permanent pendant tout notre séjour sur Mars et qu'il essaierait de répondre à toutes nos questions autant qu'il le pourrait.

La suite ....


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