Satellite n°15, mars 1959

SENSATION DANS LE MONDE
Une fusée terrienne ( 5 hommes à bord ) se pose sur la planète Mars

Au moment de mettre sous presse, nous apprenions en même temps que le monde entier cette ahurissante nouvelle. Dans la course à l'espace, les Américains viennent donc en définitive de marquer le but victorieux. Le 29 février 1959 restera la date la plus importante du XXe siècle. Ce jour-là, à 4 heures 56, heure terrestre, un intrépide pionnier Grego Banshuck réalisait l'incroyable exploit de poser son vaisseau atomique sur Mars, quatrième planète du Système Solaire, ouvrant ainsi à l'homme la porte d'une ère nouvelle avec cette tentative couronnée de succès.
Déjà mille questions se posent. Mille problèmes assaillent les esprits.
On se demande ce qu'a découvert Grego Banshuck. Si Mars est habité. Les conditions de vie qui y règnent.
On se demande surtout avec surprise comment ceux-là même qui annoncèrent à grand fracas leurs premières expériences de lancement de satellites artificiels qui donnèrent lieu à plusieurs échecs, sont parvenus cette fois à monter une telle expédition dans le plus grand mystère.
C'est à ces questions et à quelques autres que répondent ici Bruno K. Cheggas et ses collaborateurs qui ont réussi le tour de force en trois jours à peine de réunir la documentation exclusive la plus complète sur cet exploit. Nous prions nos lecteurs de bien vouloir excuser le bouleversement apporté dans notre mise en page habituelle par cette enquête qui leur apportera avant tous nos confrères de la presse, la vérité sur la planète Mars...

EXCLUSIVITE " SATELLITE "
UN COIN DE VOILE SE LÈVE
De notre envoyé spécial au Nevada : Bruno K. CHEGGAS
1er Mars. - Je viens enfin d'apprendre le nom qui est à l'origine de cette colossale entreprise que représente l'envoi d'un appareil occupé par plusieurs passagers sur la planète Mars, QUIP, le célèbre magazine américain qui a financé entièrement le projet. Durant plus d'un an au coeur du sauvage désert de Ralston dans le Névada, l'ingénieur atomiste de réputation mondiale Grégo BANSHUCK (dont peu de gens savaient qu'il était aussi un pilote émérite) travailla sans répit vingt heures par jour assisté de 22 physiciens et professeurs qui avaient tous juré le secret absolu. Installés dans cinq hangars de fortune, à air conditionné, qui servaient à la fois de logement et de dépôt pour le matériel, ils mirent au point les détails du premier vaisseau interstellaire terrestre. Bien que financée par QUIP l'affaire ressortait également du domaine Gouvernemental en raison de l'extrême importance des recherches entreprises.
J'ai pu apprendre que le Gouvernement avait apporté un appui précieux en organisant un pont aérien - une liaison spéciale d'hélicoptères de l'U.S. Air Force qui se chargea de ravitailler les savants en vivres et fournitures techniques diverses.
En vertu d'un accord secret, il semble bien que le Département de la Défense ait obtenu l'exclusivité de la construction de tous les astronefs qui suivront le prototype en échange du précieux carburant atomique dont BANSHUCK avait besoin.
Pour des raisons que vous comprendrez aisément, il ne m'est pas possible de vous donner encore de détails précis sur la propulsion de l'engin, ni sur la nature exacte du carburant employé qui restent du domaine du secret militaire.
Au cours d'une conférence de presse qui a eu lieu il y a une heure à peine, nous avons eu droit à quelques explications générales qui vont me permettre de vous donner une description schématique de l'appareil.

Insigne de Mars One dans "Planète Rouge" - 2000

Baptisé Mars 1, il a la forme d'un dirigeable. De la coque lisse, ne dépassent que les tuyères d'éjection au nombre de trois et les antennes radar. Mars 1 est entièrement construit en titamagnésium 4 à l'exception de 24 hublots de quartz d'une épaisseur de cinq centimètres environ. Longueur totale de l'engin : environ 20 mètres. Diamètre : 4 mètres 10. Il pesait au départ, équipage compris, environ 52 tonnes.
Sans conteste, la partie la plus intéressante la plus étonnante et la plus ingénieuse de ce vaisseau est la réalisation de Grego BANSHUCK provisoirement dénommée gravitateur négatomique.
Quelques mots d'explication sont nécessaires ici. La plupart de nos lecteurs savent que l'équation d'Einstein E = Mc 2 a pour signification que l'énergie contenue dans n'importe quelle particule de matière est égale à la Masse du corps en question mesurée en grammes et multipliée par le carré de la vitesse de la lumière. Pour donner un exemple concret au profane on peut traduire ainsi cette équation : deux livres de charbon entièrement transformées en énergie donneraient 25 milliards de Kilowatts-heure de courant électrique, plus de courant que n'en peuvent produire en 60 jours de travail toutes les centrales des Etats-Unis.
L'équation d'Einstein prouvait également que l'énergie possède une masse. C'est là qu'intervint BANSHUCK en réalisant un appareil qui transforme constamment l'énergie en masse. Supposons qu'une sphère engendre et expulse à grande vitesse un courant constant de masse, elle subirait une réaction considérable comparable par exemple à celle d'un canon de dix pouces tirant à grande vitesse un projectile du poids de l'Empire State Building. On comprend aisément que le recul serait fantastique. C'est un principe analogue qu'utilise Mars 1, principe qu'on ne saurait comparer d'aucune manière à la propulsion d'une fusée. L'efficience du gravitateur en comparaison est de 1 pour 1.000.000.
Dans l'appareil conçu par BANSHUCK, le poids du combustible qui représentait les neufs dixièmes de toutes les fusées imaginées jusqu'alors, est inférieur à un centième.
Détail curieux : les particules éjectées ne sont ni rouges, ni incandescentes. Ce sont de petites boules de la taille d'un plomb de chasse, CHACUNE DE CES BOULES PESANT PLUSIEURS CENTAINES DE TONNES, mais seulement à l'éjection. Elles ne restent solides que moins d'un millième de seconde avant de devenir radiation.
En somme, il s'agit ici d'une réaction en chaîne comparable à une bombe atomique inversée.
On ne sait pas grand chose encore au sujet des performances véritables dont est capable cet astronef. J'ai appris par une indiscrétion d'un correspondant anonyme qu'un certain nombre de vols d'essai avaient eu lieu en 1958, vraisemblablement trois. Où, comment? C'est encore un mystère.
Ce qu'il y a de certain, c'est que Mars 1 prit son vol pour le grand saut le 20 Janvier. En fait il semble bien que plusieurs observatoires terrestres aient enregistré le fait, en particulier un observatoire allemand qui signala la présence d'un corps insolite qu'il prit pour un nouveau satellite soviétique. L'objet ayant disparu très vite, personne ne s'en préoccupa ; en dépit des démentis venus de l'autre côté du rideau de fer, l'opinion mondiale pensa qu'il s'agissait d'un essai raté.
J'ai interrogé plusieurs sommités scientifiques pour savoir si la date choisie avait une signification astronomique particulière, mais il apparaît que non. Le départ définitif pour ce qu'on a bien voulu nous en dire eut lieu de nuit à 23 heures 15 minutes 10 secondes. Des stations spécialement équipées ont pu garder le contact radio avec l'appareil 24 heures sur 24 et le contact radar de contrôle 14 heures par jour environ en raison de la rotation terrestre.
On nous a appris que le trajet était calculé pour durer 49 jours. Mais un léger incident retarda de vingt-quatre heures l'arrivée de la fusée sur Mars, un météorite ayant endommagé un réacteur de la dynamo atomique.
Le 28 Février arrivait à la station le dernier message envoyé avant l'atterrissage
" Prendrons contact avec le sol martien demain à 14 heures près de Syrtis Major.
Grego BANSHUCK. "
Nos lecteurs savent la suite. Je n'ai pu me procurer d'autres informations pour le moment, mais en revanche j'ai obtenu les premières impressions exclusives de Grego BANSHUCK sur son arrivée sur Mars ainsi que sur la vie telle qu'elle se passe là-bas.
On trouvera dans la suite l'essentiel de ces informations.
BRUNO K. CHEGGAS.
tous droits réservés

la suite dans UN TERRIEN SUR MARS   


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