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H.G.Wells et Rosny Aîné Rosny
aîné (1856-1940) et Herbert George Wells (1866-1946). De la Guerre
du feu à la Guerre des mondes, deux écrivains multiformes, et considérés
à juste titre comme les pères fondateurs de la sciencefiction. Tous
deux passionnés par la recherche des origines et des fins, ils ont
bâti par leurs récits les multiples versions de ce qui apparaît
comme une mythologie. Si Wells, continuateur des grands utopistes,
" réaliste du fantastique " selon le mot de Joseph Conrad,
adapte la science d sa fantaisie et à ses prophéties socialisantes,
Rosny aîné donne libre cours à son imagination foisonnante à partir
d'hypothèses scientifiques : " Ce sont les possibles de la
science qui me ravissent et sont la patrie de mes chimères ",
écrivait-il. |
ÉTUDES ET RÉFLEXIONS
DE : |
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... Ce n'est pas non plus le monde de la pure fantaisie : ni celui
des contes merveilleux, ni celui de l'épopée - où pourtant, comme
chez Homère, nous trouvons des monstres, comme Scylla ou le Cyclope
- ni celui, chimérique et purement ludique, de Lucien de Samosate
dans son Histoire vraie'. Certes, Lucien nous donne des figures
de l'autre : ses Luniens suent du lait, mouchent du miel, enfantent
par le mollet et forniquent dans le creux du genou. Mais comme il
l'indique dans sa préface : ce ne sont pas des spéculations sur
une dimension possible de la réalité, ce ne sont que des constructions
langagières. Elles ont une fonction ironique sur tout ce qui se
voudrait du domaine du savoir, ramené ainsi à une pure fabulation.
Comparés au Luniens de Lucien, les Martiens de Wells apparaissent
sinon compréhensibles, au moins plausibles, compte tenu de l'état
de la science biologique et des extrapolations darwiniennes de l'époque.
D'ailleurs Wells, loin de le cacher, exhibe à preuve son savoir
: dans le chapitre 1 de la Guerre des mondes il accrédite l'hypothèse
qu'il existe bien des Martiens. Il " déduit " ensuite,
du fait que Mars est plus ancienne que la Terre, qu'elle doit être
habitée par une civilisation plus avancée techniquement que la nôtre.
Il explique ensuite la morphologie des Martiens par les lois de
l'évolution, comme Rosny dans la Mort de la Terre justifie la présence
des ferromagnétaux, le règne qui succède à l'Homme. WELLS ET SES MONSTRES Wells s'est peu intéressé à la fantaisie féerique, sauf peut-être
dans " Mr Skermersdale au pays des fées " et dans "
Le bazar magique ".' En revanche son univers est peuplé de
monstres, comme si c'était la catégorie du monstrueux qui rendait
le mieux compte de son rapport à l'inconnu. Et ce n'est pas une
simple coïncidence si l'année 1895 voit paraître Dracula de Bram
Stoker et la Machine à explorer le temps, qu'en 1896 est éditée
l'Ile du docteur Moreau et, en 1898, la Guerre des mondes. Dans
ces ouvrages, l'autre est un monstre, il agresse, il doit être détruit. ROSNY ET SES MERVEILLES Peut-on aller plus loin dans la tentative d'explication ? Avec le Merveilleux Scientifique, plus encore qu'avec des textes " mimétiques réalistes ", et dans la mesure où la référence est moins solidement installée dans l'esprit du lecteur, on a tendance à privilégier une interprétation du côté de l'idéologique. Le texte devenant le simple écran où se projetteraient les fantasmes sociaux. Mais, et les citations le montrent, il existe aussi une lecture jouissive de ces textes-mondes ne boudons pas notre plaisir. © Roger BOZZETTO 1. Ce genre a été pour la première fois défini par Maurice Renard.
en 1909. Wells parle plutôt de " scientific romances ". ROSNY AÎNÉ, POÈTE DE L'INFINI ? par RENÉ POLETTE Les Navigateurs de l'infini ne s'articule pas uniquement comme une suite événementielle palpitante racontée au lecteur. Ce dernier participe effectivement à l'aventure intellectuelle des personnages humains auxquels il s'identifie, devant l'inconnu. Arrêtons-nous, par exemple, à là rencontre avec les Éthéraux." De quelque côté qu'on se tournât, on apercevait des réseaux de phosphorescences. (...) Ces réseaux formaient des colonnes lumineuses - horizontales, verticales, obliques - souvent entrecroisées et dont les teintes n'allaient pas en deçà du jaune et montaient jusqu'à l'extrême violet. Des formations lumineuses y circulaient, de nuances variables, faites de filaments singulièrement entrelacés. (...) Après quelques temps, nous nous convainquîmes que les formations circulaient avec une grande liberté d'allure, accélérant, ralentissant leur marche, s'arrêtant en revenant en arrière. (...) - Est-ce que cela vit ? grommela Jean. - Doutons-en - répondit Antoine... mais c'est probable ! (...) - Oui, ça ressemble farouchement à de la vie, reprit Jean. Pourtant je n'ose croire... - Inutile de croire - Bornons-nous à faire la part du réel et du possible... Ça peut être de la vie - Alors quelle énigme !... - Vie éthérique, vie nébulaire 1 " Cette création des éthéraux par Rosny aîné lui permet de formuler deux hypothèses. Selon la première, il pourrait exister une forme de vie extraterrestre non-humanoïde et n'obéissant pas aux lois biologiques connues. On sait qu'à de rares exceptions, les romanciers du Merveilleux Scientifique français au 19` siècle et même au début de celui-ci, donnèrent le plus souvent une apparence quasi humaine à leurs créatures pensantes, tel Robida dans ses Voyages très extraordinaires de Saturnin Farandole (1879), et Arnould Galopin avec le Docteur Oméga, aventures de trois Français dans la planète Mars (1906), ou bien encore dans les nouvelles d'anticipation parues au Journal des voyages. Si Wells donne bien à ses Lunaires le vague aspect d'énormes fourmis ou aux Martiens celui d'êtres tentaculaires : ils n'en demeurent pas moins nantis d'yeux et d'organes préhensibles, qui sont surtout des caractères anthropomorphiques. Rosny, par contre, crée dès 1887 les Xipéhuz, habitants de la Terre, mais de corps métallique et de forme variable. Cette idée d'un métal vivant se retrouvera chez René Thévenin dans le Collier de l'idole de fer (1924) et plus tard chez Francis Carsac avec les misliks ferro-magnétaux de Ceux de nulle part (1954). Rosny aîné crée aussi les Zoomorphes dans les Navigateurs de l'infini. Ce sont des créatures plates et peu épaisses qui se revitalisent energétiquement par osmose à partir du sol ou de leurs congénères. Nous sommes proches, ici, de la notion de matière minérale vivante, reprise par Léon Groc avec les Séléniens minéraux radio-actifs de la Révolte des pierres (1930) et les Rocs noirs, pierres vivantes de l'Univers vagabond (1950). Jean de la Hire aussi imagina des êtres éthérés, saturniens, à l'apparence de colonnes lumineuses, dans la Roue fulgurante (1908). Mais ils restent inaccessibles aux humains alors qu'il n'en sera pas de même pour les Éthéraux de Rosny. Celui-ci aborde, avec ces créatures, le problème fondamental : la difficulté de communication entre des êtres que séparent d'abord les dissemblances morphologiques, mais surtout un fonctionnement de l'intelligence selon des normes différentes. Car, de même que l'humain n'accorde pas toujours une attention bienveillante aux insectes, pourquoi l'intelligence extraterrestre supérieure nous porterait-elle de l'intérêt si ses préoccupations n'ont aucun rapport avec les nôtres 1 Déjà, Maurice Renard en 1912 se penchait sur la question dans le Péril bleu. Des extraterrestres aux différences inimaginables pour l'humain nous pêchaient à travers l'atmosphère et nous ne pouvions entrer, avec eux, en relation intellectuelle suivie. De même Albert Bailly dans l Ether Alpha nous montre des sélénites formés d'énergie pure qui jugent dangereux l'homme dont ils ne comprennent pas les motivations. Il existe cependant une possibilité de solution. Et avec elle apparaît la seconde hypothèse énoncée par Rosny aîné, celle d'un relais servant de moyen de contact commun aux deux intelligences, en dehors de leur conditionnement différent. Ainsi, après de multiples essais infructueux, les astronautes des Navigateurs de l'infini réussissent-ils à envoyer aux Éthéraux des signaux morse sous forme rayonnante et à une vitesse telle qu'elle est enfin perçue par eux. Leur réponse, sous forme lumineuse, impressionne, à travers des " ralentisseurs ", une plaque témoin, enduite d'une matière fluorescente. C'est ainsi que progressivement s'établit un dialogue: " Et d'abord, ils apprirent notre langue : la moindre indication, au bout de quelque temps leur suffisait : la moindre analogie leur suggérait des généralisations fécondes. Grâce à eux nos procédés reçurent des perfectionnements prodigieux : les dispositifs d'accélération et de ralentissement exigeaient de moins en moins d'intermédiaires : les Éthéraux ne tardèrent pas à mieux vouloir nous comprendre et nous répondre à notre manière. Tout devint relativement facile lorsque, sur leurs indications, nous eûmes installé un poste radiant de fréquence suffisante. Les rayonnements dérivés de nos voix se communiquaient directement à eux. Le jour arriva enfin où nous les entendîmes. " Nous voilà donc plongés dans un merveilleux nouveau, qui ne se fonde plus seulement sur l'imagination d'une technologie future, apanage des successeurs de Jules Verne, mais surtout sur l'invention de situations existentielles neuves. Car l'évolution accélérée de la science et de la technique gomme rapidement ce qui relevait, il y a peu, de la conjecture pure. Ainsi le vieux rêve de la communication à distance sous la forme du téléphone et de la radio que Robida prévoyait dans le Vingtième siècle (1882) est devenu rapidement réalité. Cette marche ascendante du progrès conduit l'homme à se poser des interrogations nouvelles sur sa destinée d'où jaillit précisément le merveilleux moderne. Ce merveilleux naît donc de la rencontre avec une autre réalité, n'obéissant pas aux lois antérieures du raisonnement, et qui déroute. Ainsi en va-t-il pour les astronautes lorsqu'ils observent les Zoomorphes ? " Jean retourna successivement deux autres organismes de tailles et de formes différentes. Comme le premier, ils s'enveloppèrent du halo fluorescent et décelèrent deux sillons et neuf appendices disposés par trois. - Tous ternaires... La dualité que manifeste la plupart des espèces terrestres était représentée ici par une trinité. "' De même leur anxiété naît en observant les évolutions des mystérieux Éthéraux dans le ciel nocturne. Mais pour que le merveilleux soit complet, il faut encore que le mystère trouve une solution. Aussi, la communication intellectuelle avec ces êtres, enfin établie, nous libère-t-elle de l'oppression terrifiante née de l'inconnu. Et nous conduit au " merveilleux scientifique ". Le thème de l'inconnu tient une place centrale dans l'oeuvre de Rosny aîné. L'aventure des trois navigateurs, auxquels se joint Violaine pour la seconde exploration et qui rencontrent la vie sous des formes stupéfiantes - Zoomorphes, Éthéraux et Tripèdes - illustre cette interrogation fondamentale de la solitude humaine face aux mystères de l'Univers. Bien des romanciers de sa génération ont placé leur héros dans une attitude défensive devant l'inconnu, quand elle n'était pas d'attaque et de conquête.' A cet égard, l'intention de Rosny aîné semble différente et hautement morale. Ses personnages principaux vont dans l'inconnu pour le découvrir', sans le souci de s'imposer, mais avec le respect de la vie universelle. Les astronautes par exemple ne détruisent jamais délibérément la vie extraterrestre : ils l'observent pour la comprendre, à leurs risques et périls, comme c'est le cas pour Violaine, malmenée par un énorme Zoomorphe, ou pour Jean qui se retrouve prisonnier des Tripèdes. Et l'écrivain d'expliquer cette attitude: - " N'avons-nous pas ignoré, pendant presque toute l'évolution ancestrale, les microbes qui, pourtant, décimaient l'humanité ? Diriez-vous que les microbes, tueurs de Nègres, de Peaux-Rouges, d'Égyptiens, de Grecs, étaient supérieurs aux hommes qu'ils détruisaient et qui ne connaissaient pas leur existence ? " Cela dessine le visage particulier que prend le savant dans l'oeuvre de Rosny aîné. Certes, il a toujours existé dans les romans d'anticipation une tentation, celle de présenter le monde futur en proie au triomphe scientifique et technologique, et inféodé aux savants. Le plus souvent ces derniers se révèlent bienveillants et sauvent même parfois l'humanité présente ou future, comme le fait le voyageur temporel de Wells dans la Machine d explorer le temps (1895) qui combat avec les Éloïs la barbarie des Morlocks. Mais le savant peut aussi être malveillant et mettre la paix du monde en danger, par orgueil ou pour se venger de l'incompréhension de ses semblables. C'est une figure constante que l'on rencontre notamment dans le Meurtrier du globe du commandant de Wailly, l'île de Satan (1939) d'André Mad ou le Bacille (1928) d'Arnold Galopin. En revanche, Rosny illustre par son couvre la figure du savant humaniste. Il y a toujours dans ses romans un homme hors du commun qui, par son intelligence et son âme généreuse, évite le désastre ou le répare. C'est déjà le rôle de Bakhoûn, qui, en des temps immémoriaux, grâce à ses observations précises et à sa réflexion juste, sauve le genre humain de l'invasion des Xipéhuz. C'est également le cas du héros d'Un autre mondes. Le mutant, horrible, incompris de tous excepté d'un savant, met ses facultés prodigieuses au service du progrès scientifique. Des savants encore sauvent l'humanité, du désastre lorsque la vie terrestre est menacée par un ouragan d'énergie dans la Force mystérieuse (1913). Et c'est enfin des savants dans les Navigateurs de l'infini qui redonnent confiance à la civilisation martienne décadente, la préservant durablement de l'invasion des Zoomorphes. Ainsi apparaît une dimension philosophique de cette oeuvre. Car si Jules Verne et ses contemporains ont eu le plus souvent le souci d'évoquer un avenir technologique probable, ils n'ont eu que la prescience d'un futur semblable au présent. Et si Robida, par la force satirique de son graphisme, délivre bien un message dans la Guerre au 20e siècle (1887), maints écrivains du Merveilleux Scientifique se contentent d'extrapoler la science de leur époque. Rosny aîné par contre s'intéresse au monde de demain en situation, aux problèmes existentiels de l'homme futur, à ses réactions psychologiques et même spirituelles face à l'inconnu. C'est ce qu'illustre le cas de Grâce la martienne qui, pour l'amour extrême de Jacques le terrien, donne naissance à un " enfant ": le fruit réel d'une union purement platonique. En effet les conditions morphologiques et biologiques dissemblables des deux races rendent ce prodige impossible selon les lois de la biologie terrestre. Mais, de même que les facultés humaines sont plus que les extrapolations de celles du singe, il est concevable d'imaginer une vie martienne originale. Créer des pouvoir extraterrestres aussi différents des possibilités humaines que ceux du papillon et de sa chrysalide est pour Rosny aîné faire ouvre résolument novatrice avec des résonances poétiques et philosophiques. Cette naissance miraculeuse prend une valeur de symbole qui achève heureusement le roman. Il fait écho aux dernières lignes pathétiques des Xipéhuz 9, où l'accent est mis sur le respect de la vie, lorsque Bakhoûn vainqueur des êtres métalliques s'écrie: " Et j'ai enterré mon front dans mes mains et une plainte est montée de mon coeur. Car maintenant que les Xipéhuz ont succombé, mon âme le regrette et je demande à l'Unique quelle Fatalité a voulu que la splendeur de la vie soit souillée par les Ténèbres du Meurtre ! " L'attitude du lecteur d'aujourd'hui face aux romans de Rosny, n'est plus la même qu'à leur parution. Pouvait-on savoir, avec la précision donnée par les sondes spatiales, que la vie intelligente sur Mars fût des plus improbables ? De même, les situations romanesques d'antan peuvent aussi paraître, de nos jours, naïves. Mais les problèmes philosophiques posés restent les mêmes. Ainsi, la morale basée sur l'homme-fleuron provisoire du règne animal terrestre - et que résume la formule de " l'éminente dignité " - a-t-elle un sens face à la vie de l'Univers ? Quelles peuvent donc être les réactions de l'homme devant l'extraterrestre ? Tels sont les problèmes que pose philosophiquement et résout esthétiquement Rosny aîné dans les Navigateurs de l'infini. Car il y répond moins par des discours que par des figures poétiques. Les oeuvres littéraires de qualité, ayant franchi l'oubli du passé, possèdent toutes des qualités de figuration originale. Ainsi Rosny et Wells usèrent d'idées précédemment exploitées. Mais qui, avant Wells, avait aussi philosophiquement et poétiquement suggéré une invasion de la terre dans son horreur ? Et qui avait réussi à rendre tangible, avant Rosny aîné, l'amour sublime et tendre, longtemps inavoué, car inconcevable de part et d'autre, d'un terrien et d'une martienne, biologiquement si différents ? " C'est là que je sentis, avec une certitude éblouissante, que grâce m'étais devenue plus chère que toutes les créatures et je ne pus m'empêcher de le lui dire. " Elle frissonna toute entière comme un feuillage, ses beaux yeux s'emplirent de lueurs enchantées et sa tète se posa doucement sur mon épaule... Alors... Ah 1 qui pourrait le dire 1... Une étreinte rien qu'une étreinte aussi chaste que l'étreinte d'une mère qui saisit son enfant, et tous les honneurs d'antan parurent de pauvres choses flétries, les joies subites venues avec le vent, les parfums sur la colline, la résurrection du matin (...) Rien n'était plus. Tout disparaissait dans ce miracle qui semblait le miracle même de la Création... " Ici, le style poétique transcende le réel. Déjà Jules Verne était un poète, car la poésie naît parfois de la description des phénomènes naturels exceptionnels, comme les féeries souterraines s'offrant aux regards des explorateurs du Voyage au centre de la Terre (1864). L'atmosphère poétique peut également naître des paysages planétaires, de la faune et de la flore fictive née outre-espace. C'est ce qui est apparu plus tard avec l'oeuvre de Ray Bradbury dont la sensibilité face au rêve de l'âme humaine immuable, se place dans le courant de pensée philosophique et poétique de Rosny aîné. © René POLETTE 1. Les Navigateurs de l'infini in Rosny. Récits de Science-Fiction,
Marabout, 1975, page 47. / Romans de H à W / Anthologies et Nouvelles / Acceuil / Plan du Site |
© Mars & SF - Jacques Garin 1998-2003