de
J.H.Rosny aîné Collection
Rayon Fantastique n°69 (1960) Couverture de Jean-Claude Forest
 éd. La Nouvelle Revue Critique Coll. "Les Maîtres du Roman"
(1932)
 (Editions Ombres, 2011) Collection Petite Bibliothèque des Ombres
 Éditeur: publie.net
(2011) collection: ArcheoSF ISBN : 9782814505834
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Premiére
page Tout est prêt. Les cloisons du Stellarium
en argine sublimé, d'une transparence parfaite,
ont une résistance et une élasticité
qui, naguère, eussent paru irréalisables
et qui les rendent pratiquement indestructible.
Un champ pseudo-gravitif à l'intérieur de l'appareil,
assurera un équilibre stable aux êtres
et aux objets. Nous disposons d'abris dont la contenance
totale atteint trois cents mètres cubes; notre
chargement d'hydralium doit suffire à nous approvisionner
d'oxygéne pendant trois cents jours; nos armures
hermétiques d'argine nous permettront de circuler
dans Mars à la pression terrestre, notre respiration
étant assurée par des transformateurs
directs ou pneumatiques. D'ailleurs les appareils Siverol
nous dispenseraient de respirer pendant plusieurs heures,
par leur action globulaire, et par l'anesthésie
des poumons. Enfin, notre provision de vivres comprimés,
auxquels nous pouvons rendre à volonté
leur volume primitif, est assurée pour neuf mois.
Le laboratoire prévoit toutes les analyses physiques,
chimiques et biologiques; nous sommes puissamment pourvus
d'appareils destructeurs. En somme, la propulsion, l'équilibre
pseudo-gravitif, la respiration normale, la combustion
artificielle et la nutrition nous sont assurés pendant plus de trois saisons. En comptant trois mois
pour atteindre Mars, trois mois pour en revenir, il
nous restera trois mois pleins pour explorer la planète,
dans le cas - le moins favorable - où nous ne
trouverions là-bas aucune ressource d' alimentation
et de respiration.
"Récits de science-fiction" Marabout - SF
n° 523 (1975)
 "La
Mort de la Terre" Présence du futur n° 25 (1983)
 in "La Guerre des règnes de J.-H. Rosny aîné inclus La Guerre du Feu" anthologie proposée et présentée par Serge Lehman, ed. Bragelonne (2012).
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Ce roman qui date
de 1925, est peut-être le chef-d'oeuvre de Rosny aîné
(de son vrai nom Joseph-Henri Boex 1856-1940). Assez curieusement,
il reprend la situation de "La mort de la Terre", à
savoir la lente agonie de la race dominante d'une planète,
mais en la transportant sur Mars. Les membres de cette race, découverte
par les membres de l'expédition terrienne venus en astronef
sur la planète rouge, sont des créatures tripèdes,
dotées de six yeux et irradiant une surnaturelle beauté
: "II y avait cinq tripèdes dont les yeux multiples
nous observaient étrangement, Antoine et moi... Tout en eux
était inouï, aucune image de la Terre ne s'adaptait
exactement à leur structure, et pourtant, mille analogies
subtiles s'élevaient à leur vue et dès l'abord
naquit une indescriptible sympathie. Les regards dominaient de loin
toute autre expression des visages ryhtmiques. Aucun des six yeux
n'avait la même nuance et chaque nuance variait indéfinissablement.
Cette diversité et ces variations suggéraient une
vie agile qui dépassait en charme tous les charmes humains.
Ah! combien ternes eussent paru les plus beaux yeux de femmes ou
d'enfants terrestres!" . Quant aux
tripèdes femelles, elles n'apparaissent pas moins enchanteresses
aux yeux des Terriens. " Les jeunes Martiennes démentaient
cette théorie : la plus gracieuse surtout me montrait avec
une évidence énergique, la possibilité de beauté
perceptible pour nous et pourtant complètement étrangère
à nos milieux et à notre évolution. "
Ces Martiens sont les derniers représentants
d'une très antique espèce qui doit peu à peu
laisser place à une nouvelle forme de vie, celle des Zoomorphes,
créatures qui ne sont pas sans rappeler les ferromagnétaux
ayant entraîné l'extinction de la vie sur la Terre.
Situation similaire, donc, mais avec une conclusion différente.
Les Navigateurs de l'Infini
la bande dessinée |
Un monstre martien (Les trois explorateurs terriens
aprés leur rencontre avec les zoomorphes continuent
leur exploration de la planète ,ils ont découvert
un lac et explorant la végétation qui
l'entoure ,champignons de 7m de haut et fougéres,
ils y rencontrent des animaux martiens qui ont pour
principale caractéristique de ne pas avoir d'oreilles
ni de nez ,leur sang est jaune soufre)
- S'il y a des plantes ou des animaux comestibles
- comestibles pour des humains - rien ne nous empêcherait
de vivre sur Mars pendant un temps illimité,
remarqua Jean. J'entrevois la possibilité de
tout y trouver pour la vie quotidienne et pour recréer
les réserves d'énergie nécessaire
au retour... Eh ! qu'est-ce qui nous arrive là
? Ce qui nous arrivait n'était pas très
rassurant : une créature apocalyptique, longue
d'une douzaine de mètres, qui rappelait à
la fois les alligators, les pythons et les rhinocéros.
Basse sur pattes, le torse rond, un épais museau
en pyramide au bout duquel se projetait une manière
de longue corne, une peau nue sur les flancs, écailleuse
sur le dos, poilue sur le mufle, cette bête avançait
avec un frétillement qui lui donnait l'air de
ramper ; des pattes épaisses s'agitaient sous
elle. - Rampe-t-elle, marche-t-elle, m'écriai-je.
- Les deux ! répondit mon compagnon ... Le mouvement
des pattes est, si j'ose dire, en synchronisme avec
le tortillement du corps... Nous n'avons rien de si
laid sur la terre! A notre vue, la bête s'était
arrêtée et ses yeux - il y en avait une
douzaine - dardaient sur nous des regards qui tantôt
s'éteignaient, tantôt se rallumaient, comme
s'ils étaient commandés par des interrupteurs.
A tout hasard, nous préparâmes nos radiants
et nos torpillettes. - Ça doit bien avoir
la masse de plusieurs éléphants ? dit
Jean. - Cinq ou six. Nous remarquâmes
que toutes les bêtes visibles avaient fui avec
une vélocité de panique : preuve que le
monstre était redoutable. Après une
courte halte, il se remit en marche et d'évidence,
il fonçait sur nous... - Alors, mon vieux!
exclama Jean. Et il envoya une gerbe de rayons Bussault.
Le tortillement de la bête devint convulsif, mais
elle ne s'arrêta point : plutôt accéléra-t-elle
sa course. A mon tour, je lançai un faisceau
et, cette fois, l'effet parut décisif : la masse
énorme s'arrêta net, les yeux s'éteignirent...
Bientôt, elle se tourna, elle s'éloigna,
lourdement, péniblement - Elle en tient!
fis-je. Faut-il l'achever ? - Inutile... et ça
coûterait peut-être beaucoup d'énergie.
J'estime qu'elle est hors de combat pour un bon temps!
Mais voici Antoine! Le Stellarium était là
en effet. Nous échangeâmes quelques signaux
avec notre ami qui, complètement rassuré,
reprit de la distance. - Toujours aucun équivalent
de la bête qui alluma le feu, vers la fin du Tertiaire
! marmonna Jean... I1 semble pourtant que, s'il y a
quelque chance de la rencontrer, nul lieu n'est plus
favorable que les rives de ce lac ? - Eh! dis-je...
elle connaît peut-être déjà
notre présence!... Elle se cache... ses yeux
quasi humains sont fixés sur nous.., elle nous
tend quelque embûche... Qui sait ? Jean haussa
les épaules et se mit à rire. |

 Dans la suite, intitulée
"Les Astronautes" (annoncé dès la parution de "Les Navigateurs de l'infini"), restée inédite jusqu'à sa
parution en 1960 dans l'édition des "Navigateurs de
l'Infini" faite par G.H.Gallet au Rayon Fantastique (n°69), Rosny aîné fait venir deux des Martiens, un père
et sa fille, sur Terre où ils retrouvent confiance en l'avenir
et se sentent prêts à tenter de reconquérir
Mars sur les Zoomorphes avec l'aide des Terriens. Le mode de reproduction
des Martiens est quasi parthénogénétique :
il suffit aux femelles de désirer fortement un enfant tout
en pensant avec amour au mâle qui sera en quelque sorte son
père, pour que le cycle de reproduction s'enclenche. La jeune
Martienne, obscurément éprise d'un des Terriens de
l'expédition initiale, mettra ainsi au monde, sur la Terre,
un jeune Martien, par amour pour lui. Et c'est sur cette vision
d'espoir que s'achève le livre de Rosny qui est en quelque
sorte l'antithèse de La mort de la Terre: l'amour et la science
se sont unis pour rendre un monde à ses légitimes
occupants Jacques Sadoul "Histoire
de la SF moderne 1911-1984" , tous droits reservés.
Biblio complête: http://jhrosny.overblog.com/biblio-les-navigateurs-de-l-infini
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