Face aux Martiens - 1946




de René Henry
Ed.Zimmermann
Collection de l'impossible
Couverture et aquarelles de Jean Perrin  

Résumé du roman

CHAPITRE PREMIER
LES MYSTERIEUX AEROLITHES
Ce matin-là, comme tous les autres, à 7 heures 30, Mme Pinson sortit balayer son trottoir, leva les yeux vers le ciel encore plein de brume, huma l'air frais et décida qu'il ferait beau. Pour entamer l'optimisme proverbial de Mme Pinson, il aurait fallu une raison grave, une lourde déception, comme celle de ne pas trouver chez la crémière son camembert quotidien. Hormis ce point de faiblesse, Mine Pinson était une concierge modèle qui ne cancanait jamais, faisait simplement son travail et, celui-ci terminé, rentrait tricoter dans sa loge en s'absorbant complètement à ses torsades ou à ses jacquards.
Mme Louis, sa collègue de l'immeuble voisin, apparut soudain sur le seuil de sa porte
- Madame Pinson ! Madame Pinson ! vous regardez le ciel ? C'est-y que vous avez vu ce qu'y disent sur le journal ? Moi, ça me dépasse.
Mme Louis jouissait dans le quartier d'une profonde considération, car elle disait se tenir au courant de toute l'actualité, se piquant même d'être " une scientifique " très au fait des découvertes du moment Et il y en avait, des découvertes, dans ces dernières années du XXe siècle pendant lesquelles l'humanité se préparait à franchir dignement le cap de l'an 2000 !
Pour qu'elle avouât que "  cela la dépassait " , il ne pouvait s'agir que d'un événement sensationnel !
- Des bol... des bolides... vont tomber sur la... sur la...
- Eh bien, finissez !, s'impatienta Mme Pinson.
Mais Mme Louis, décidément très émue, renonça à terminer sa phrase.
- Sur la... sur la... tenez, lisez vous-même, décida t'elle d'une voix entrecoupée, en tendant le journal à son amie. Là, le gros titre. "
Mme Pinson se pencha et lut tout haut
- " La fin du monde est-elle proche ? "  ...Mais ils sont fous !
- C'est... rien, ça..., il faut voir l'article ! "  interrompit Mme Louis.
Sous le titre qui venait d'éveiller le scepticisme de Mme Pinson, s'étalait en caractères plus petits
"  La vérité est cachée au pays. "
"  En effet, continuait l'article, une catastrophe menace la terre depuis plusieurs jours et aucune agence n'en a encore fait état. Si nous sommes en mesure de vous informer, c'est grâce à une indiscrétion commise et dont nous sommes les bénéficiaires. Depuis quelques jours, les astronomes ont remarqué, de leurs observatoires, que de nombreux bolides rayent de leur course le firmament. De tels météores, en tombant sur notre planète, pourraient l'anéantir toute entière ou en détruire une partie.
"  Nous en connaissons les effets, car, déjà, quelques uns de ces aérolithes ont atteint la terre.
"  Peu après 1900, un de ces blocs tomba en Sibérie où il eut un effet considérable. Il se creusa un entonnoir de plusieurs dizaines de mètres de profondeur sur un ou deux kilomètres de pourtour. Tout autour, à des kilomètres à la .ronde, la forêt de sapins était couchée, le pied des arbres orienté vers le centre du cratère.
"  Or, les nouveaux aérolithes sont au moins dix fois plus gros que celui de Sibérie. La catastrophe serait donc irrémédiable. Cependant, nous tenons à rassurer nos lecteurs : ces bolides découverts par nos astronomes ne nous sont pas destinés, car leur vitesse est telle que si l'un d'eux venait directement sur la terre, il ne saurait être repéré avant de nous avoir atteints. "
L'article finissait sur ces paroles de réconfort, tout relatif, il faut le dire. Et l'on comprendra très bien que l'on n'ait pas voulu en haut lieu rendre publique la nouvelle. Songez à sa répercussion sur les masses ignorantes du globe ! A la panique où serait plongée cette foule pour peu que les journalistes, suivant leur habitude, se mettent à broder !
A la grande déception de Mme Louis, Mme Pinson garda un visage calme sans aucun signe révélateur d'émotion. II est vrai qu'elle avait un caractère flegmatique qui eût fait la gloire d'un Anglais. Quand elle eut fini sa lecture, elle laissa échapper à l'intention de son amie, un "  Vous y croyez, vous ? "

 Mon avis :
C'est un roman qui a terriblement mal vieilli, il date de 1946, la fin de la seconde guerre mondiale est donc récente, on y retrouve le ressentiment vis à vis de l'Allemagne dans l'épisode du professeur Knacht.
Le romancier fait la part belle à la France et son génial chercheur (ce qui n'est que justice puisque l'on ne parle pas des autres pays ou si peu).
Toutefois j'y trouve une pointe d'originalité dans la description physique et morale des martiens .


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