Film de Paul Verhoeven (1990)

Un cauchemar provoqué dans la mémoire d'un homme qui rêve de Mars.

Ce film n'existe que par le succès d'Alien qui dégela la méfiance des producteurs quant à la SF. Et celui de Blade Runner, qui montrait que l'adaptation d'une nouvelle de Philip K. Dick, auteur de SF jugé très «intello», pouvait triompher au box-office. De plus, Verhoeven avait cartonné avec Robocop. Pourtant, à sa sortie, on reprocha à Total Recall la «laideur agressive» des décors et des mutants rebelles vivant sur Mars: une femme à trois seins, une fillette défigurée, etc. C'était oublier que Total Recall est un cauchemar. Un cauchemar provoqué dans la mémoire d'un homme qui rêve de Mars, un cauchemar éveillé chez un homme qui comprend qu'il est déjà allé là-bas, mais sous une autre et peu sympathique personnalité. Et cet homme, Doug Quaid, n'est autre que Arnold Schwarzenegger dans un magistral contre-emploi.
Trahi par ses amis, dont son psy, par sa femme, Lori (Sharon Stone, d'une beauté et d'une cruauté splendides), qui tous cherchent à le tuer, trahi par ses souvenirs (il est vraiment l'autre, l'agent spécial au service du grand méchant dictateur de la planète rouge), Quaid se révolte contre tout, contre tous et contre sa propre (double) personnalité. C'est ainsi que la figure emblématique des héros de films d'action, Schwarzy, devient le héros malheureux, mais triomphant de justesse dans un final d'une grande beauté, d'une terrible aventure mentale. Pour l'amateur, nous préciserons que les paysages martiens sont extraordinaires et furent reconstitués en studio au Mexique. Et Mars, si souvent associé dans l'imaginaire au danger, figure ici, dans la dernière séquence, un paradis naissant. Très terrestre.

© Jean-Pierre Dufreigne - L'Express du 11/05/2000

























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Mars & SF © Jacques Garin 1998-2011