La planète Mars dans les jeux de rôle 

Un panorama non exhaustif

Au vu de la fascination qu'exerce la planète Mars sur les auteurs et amateurs de science-fiction, il n'est pas étonnant de constater qu'elle figure en bonne place dans de nombreux contextes de jeux de rôle relevant de la SF.
Ce petit panorama, qui n'a ni la prétention, ni la volonté d'être un tour d'horizon complet, vous permettra d'en juger par vous-mêmes.

  Le space opera

Quand on parle de science-fiction, les images qui viennent le plus souvent à l'esprit du grand public sont des vaisseaux spatiaux, des planètes étranges et des extra-terrestres monstrueux : les ingrédients de base du space opera.
Et si ces récits prennent souvent place dans de lointaines galaxies, point n'est besoin d'aller chercher si loin pour trouver des planètes étranges : notre voisine rouge fait souvent parfaitement l'affaire.

L'un des tous premiers jeux de rôle de SF (le troisième, plus précisément) fut Traveller, jeu de Marc Miller publié pour la première fois en 1977 par l'éditeur américain Games Designer's Workshop (GDW). Ce célèbre jeu de space opera, qui a connu plusieurs incarnations successives et reste encore bien vivant à ce jour, n'avait à l'origine pas de cadre bien défini ; tout au plus les règles de base faisaient elles référence à un empire interstellaire, l'Imperium, dont rien n'était précisé.

En ces temps héroïques des débuts du jeu de rôle, l'optique de Traveller était clairement de permettre à chaque Meneur de jeu (MJ) d'utiliser dans ses parties à peu près n'importe quelle œuvre de SF, et de créer son propre univers de jeu.

Assez vite toutefois, des informations (de plus en plus nombreuses) décrivant le contexte officiel de l'Imperium furent fournies au fil des suppléments.

En 1982 parait le Supplement 10 : The Solomani Rim, qui détaille la région de l'espace où se trouve notre système solaire (en l'année 1107 de l'Imperium, soit 5628 de notre ère). Aucune mention de la planète Mars n'y est faite, ce qui, au vu de l'histoire de l'expansion spatiale terrienne à Traveller, est assez surprenant. Il était donc raisonnable de supposer l'existence d'une présence humaine sur Mars.

En 1983, le Book 6 : Scouts fournit quelques informations sur la planète, en particulier son UPP (Universal Planetary Profile) qui s'énonce ainsi : F43056AF. Décodé, cet UPP nous apporte en particulier les informations suivantes : Mars possède un port spatial de type F (soit le plus moderne), qui accueille des vaisseaux circulant au sein du système solaire ; sa population se compte en centaines de milliers, il s'agit d'une colonie (non indépendante) policée (il est interdit d'y détenir des armes), et son "niveau technologique" correspond à celui de l'Imperium. On apprend en outre que la planète héberge une base militaire.

En juillet 2000, avec la parution chez Steve jackson Games (SjG) de GURPS Traveller : Rim of Fire, on apprend qu'en 2061 de notre ère, des bases scientifiques avaient été établies dans tout le système solaire, et en particulier sur Mars.

 


 

En 1980 parait Space Opera, le grand concurrent de Traveller, publié aux États-Unis chez Fantasy Games Unlimited (FGU). Bien que partageant à l'origine le principe de son prédécesseur selon lequel l'univers de jeu n'est pas décrit pour permettre à chaque Mj d'inventer le sien, il suivit rapidement son exemple en développant un cadre officiel de jeu.

Pas d'Imperium ici, mais un contexte dans lequel voisinent plusieurs entités politiques interstellaires au XXVIème siècle de notre ère. Le Star Sector Atlas 1 : The Terran Sector, paru en 1981, décrit l'une de ces entités, l'United Federation of Planets (UFP), fédération d'origine terrienne. Un paragraphe y est consacré à Mars (Sol IV).

Ici, les données planétaires sont conformes à ce que l'astronomie nous a appris. La colonie martienne est forte de cent millions d'habitants, qui occupent 116 villes sous dômes et plus de 500 communautés plus petites. Mars fait partie de la Grande République de l'Union Terrienne (High Republic of the Terran Union), qui rassemble les anciennes colonies terriennes du système solaire, indépendantes depuis leur révolte et le traité de Tycho en 2137), et est membre associé de l'UFP.

Considérée comme une planète industrielle très riche, Mars exporte les produits de son industrie lourde et de ses usines d'armement, important en retour de la haute technologie, de la nourriture, du vin (!) et des objets de luxe.

Mars est aussi une planète arsenal, l'une des plus importantes de l'UFP, et héberge un spatioport militaire ultramoderne sur le site de Nix Olympica (ancienne dénomination d'Olympus Mons).

Quant aux deux lunes Phobos et Deimos, elles ont été transformées en véritables forteresses orbitales.

 

Publié pour la première fois en 1985, SpaceMaster, le jeu de space opera de l'éditeur américain Iron Crown Enterprises (ICE), n'a contrairement aux deux jeux précédents jamais présenté son cadre aussi clairement ou de façon aussi détaillée. Il s'agit d'un empire terrien, dont le siège est situé à Istanbul, et situé plus de dix mille ans dans notre futur.

On y trouve des mentions d'une colonie sur Mars, mais sans plus de détails.

 

 

En 1986, GDW donne un petit frère à Traveller, en la personne de Traveller 2300 (réédité en 1988 sous le nom 2300 AD), jeu de space opera à tendance hard science dont l'action se déroule en 2300 de notre ère et a pour cadre l'expansion terrienne dans les étoiles.

Ici, les Français (la puissance majeure sur Terre pendant la période qui suit la troisième guerre mondiale) ont lancé une expédition vers Mars dans la première moitié du XXIème siècle. Mais la découverte de planètes plus hospitalières autour d'autres étoiles a limité la colonisation de notre proche voisine, et le principal peuplement humain sur Mars est constitué par une base scientifique américaine, qui aurait dû être abandonnée en 2265 mais reste en activité suite à la découverte d'un gisement de tantale sur la planète.

Multimondes, publié par Oriflam en 1988, est l'un des premiers jeux de rôle de SF français. Il a pour cadre le système solaire à la fin du XXVème siècle. Mars y occupe bien entendu une place importante : d'autant plus que la planète possède ici un important potentiel technologique et agronomique.

Dépourvu de bases scientifiques sérieuses ou cohérentes, le jeu pèche fortement au niveau "crédibilité". Néanmoins, son contexte est relativement bien décrit.

En 2024, un premier satellite (sic !) a été lancé en direction de la planète rouge. En 2082, l'exploration de Mars est confiée à de grands cartels asiatiques et à une multinationale européenne, et en 2181, ces multinationales transfèrent leurs maisons-mères sur la planète.

En 2230, la terraformation de Mars est pratiquement terminée. En 2351, Mars proclame suite à un référendum démocratique son indépendance vis à vis de la Terre, et un régime bureaucratique est mis en place par le Bureau exécutif martien.

En 2369, suite à une crise ayant provoqué la destruction de l'astroport de Phobos, les robots de combat sont bannis de Mars, la planète rompt ses relations diplomatiques et commerciales avec les planètes troyennes (les astéroïdes), et l'amarsissage des vaisseaux étrangers est interdit.

En 2371, c'est la guerre civile : une révolte populaire sur le Mont Olympe et les Monts Tharsis est violemment réprimée, le gouvernement martien allant même jusqu'à faire sauter la ville rebelle de Tharsis II (avec pour conséquence la fonte d'une des calottes polaires, l'eau recouvrant une bonne partie de la planète).

L'hémisphère nord est donc principalement sous les eaux de l'océan de la Discorde, dans lequel se jette le réseau fluvial (aménagé en canaux) de l'hémisphère sud. La capitale Teknograd (sur le Mont Olympe) et les villes Tharsis I et Tharsis III (sur les Monts Tharsis) émergent de l'océan. Les travaux de reconstruction de Tharsis II ont commencé. Parmi les villes côtières, on peut citer Canton la jeune, New-Shangaï, Odessa 14 et Connexion Ville.

Les villes martiennes sont toujours bâties sur le même modèle : sept cercles concentriques, le cercle intérieur étant le siège du pouvoir.

Dans l'hémisphère sud circulent de véritables villes itinérantes : Mobilgrad I et Mobilgrad II, deux des trois "caravanes de production" qui relient les différentes zones habitées.

Le président de la république martienne est Makno Ariak ; il est assisté de douze délégués dirigeant six commissions : commission aux problèmes intérieurs (milices, sécurité, commerce intérieur), commission aux problèmes extérieurs (diplomatie, commerce interplanétaire), commission à l'environnement et aux transports (urbanisation, communications), commission Agrotech (industries agro-alimentaires), commission ManTech (industries non agro-alimentaires), commission à la Destinée (organe supérieur de surveillance de l'appareil tout entier).

Le Temple de l'Absolue Constellation est une religion martienne fondée en 2392 par le président Nicolas Ghinéa. Le groupe Connexion est une caste élitiste de la société martienne, dont les membres occupent tous les postes à responsabilités. Les Réfractaires, réfugiés dans l'hémisphère sud, sont les descendants des vaincus de la guerre civile ; ils mènent une vie nomade, organisés en "meutes", et rejettent la société martienne.

Les installations situées sur Phobos ont été détruites en 2369. Deimos est utilisée comme pénitencier.

 

Le jeu français Alter Ego parait en 1989 aux Éditions D3. Mais bien que ce jeu soit centré sur le système solaire au XXXème siècle, Mars n'y a (étrangement) pas été colonisée.

 


 

Publié par SjG en 1991, Terradyne est un supplément pour GURPS qui décrit un cadre hard science où l'humanité conquiert peu à peu le système solaire. Terradyne est le nom d'une entreprise, leader dans le domaine aérospatial, plus puissante que n'importe quel État, qui est l'acteur majeur de cette conquête. L'action est située en 2120.

Le premier amarsissage (soviétique) date de 2006 ; les Américains suivirent en 2012.

En 2038, Terradyne fut autorisée à terraformer Mars. Cette terraformation est à la charge du département "Génie planétaire" de l'entreprise.

En 2051, Terradyne a (secrètement) dévié de son orbite Phoebé, l'une des lunes de Saturne, de telle sorte que sa nouvelle trajectoire l'amène à entrer en collision avec Mars. En juillet de cette même année, Phoebé explosa, mais les débris continuèrent en direction de la planète rouge, jusqu'à la date du 23 septembre 2064 où ils la heurtèrent, provoquant une reprise de son activité volcanique et la fuite de son atmosphère dans l'espace. Heureusement, la population avait été auparavant évacuée.

Le projet Phoebé faisait en réalité partie des plans de Terradyne pour terraformer Mars : apporter de grandes quantités d'eau (sous forme de glace) sur la planète, puis ensemencer les plans d'eau ainsi créés avec des Bactéries issues du génie génétique (pour permettre la constitution d'une atmosphère), puis avec des organismes plus complexes. La conception du projet mobilisa à partir de 2045 une bonne partie des ressources de Terradyne, et l'entreprise parvint à la conclusion qu'une telle tâche pourrait être réalisée en moins d'un siècle.

En 2088, les Terriens retournèrent sur Mars.

Actuellement (en 2120), la planète n'est pas encore terraformée. L'eau couvre 35 % de sa surface, principalement sous la forme d'un océan nommé Phoebé dans l'hémisphère nord et de trois mers (Hellienne, Argyrienne et Australe) dans l'hémisphère sud. Les terres émergées forment trois continents : Arès, qui occupe l'essentiel de l'hémisphère sud, Boréalis et Elysium, tous deux entourés par Phoebé ; il y a aussi de nombreuses îles. Le fleuve Viking coule dans le Valles Marineris.

L'activité tectonique et la température de Mars ont fortement augmenté (la seconde varie entre 15 et 38 °C à 35 ° de latitude). La fonte des glaces contenues dans le sol et le sous-sol martiens a contribué à donner un aspect chaotique aux paysages. Les tempêtes de sable sont souvent violentes. L'atmosphère est toxique, en raison de ses concentrations en oxydes de carbone, méthane et hydrogène, et de sa faible teneur en oxygène : les colons doivent employer des masques ou des appareils respiratoires pour évoluer hors des bâtiments et des véhicules pressurisés. Par ailleurs, la couche d'ozone n'étant pas encore formée, cette atmosphère ne protège pas des rayons ultraviolets.

Les formes de vie locales se limitent pour l'instant à des micro-organismes et à quelques végétaux inférieurs (lichens, mousses et champignons) spécialement modifiés. L'introduction de plantes supérieures et d'animaux n'est pas prévue à grande échelle avant au moins trente ans (vers 2150).

En 2200, le taux d'oxygène martien devrait atteindre le niveau terrien. Les Vertébrés supérieurs ne devraient être introduits sur la planète qu'à l'horizon 2300.

Enfin, Terradyne envisage de doter Mars d'une lune supplémentaire en déplaçant l'astéroïde Cérès.

La population martienne s'élève à environ un million d'habitants. Le principal spatioport est situé à Uruk, sur Arès. La planète est sous l'autorité d'un directoire colonial qui dépend de Terradyne. Les colons vivent sous des "dômes" qui, contrairement à ce que leur nom pourrait laisser croire, sont en fait constitués de plusieurs bâtiments étanches reliés par un réseau de transport lui aussi étanche. Quelques parcs sous dôme ont également été mis en place.

La RPB (Red Planet Brigade) est une organisation qui a pour but de stopper la terraformation de Mars, et l'exploitation industrielle de la planète. À l'origine groupuscule écoterroriste, elle est devenue plus respectable et compte désormais des millions de membres.

Lensman, supplément pour le jeu GURPS de SJG paru en 1993 et réédité en 2001, est basé sur la saga du Fulgur écrite par E. E. Doc Smith, vieux space opera épique dont elle reprend l'univers.

Mars y est une planète désertique, sur laquelle vivent les Martiens, une civilisation très ancienne d'humanoïdes à la peau épaisse et aux besoins en eau très réduits. L'eau n'existe en effet sur la planète que sous deux formes : gelée dans les calottes polaires, ou enfouie à plusieurs kilomètres sous la surface des déserts et le lit des mers asséchées. La flore et la faune martiennes, peu abondantes, sont parfaitement adaptées à l'aridité de leur environnement.

Les Telluriens (c'est à dire les Terriens) ont commencé à réintroduire de l'eau sur Mars, en acheminant des blocs de glace depuis la ceinture d'astéroïdes. Ceci a permis de rétablir la circulation de l'eau dans le réseau des canaux creusés autrefois par les Martiens.

Blue Planet, d'abord publié en 1997 chez Biohazard Games, puis réédité en 2000 chez Fantasy Flight Games, et qui devrait être traduit en français en 2002, se situe aux franges du space opera : seuls deux systèmes stellaires y sont accessibles (notre système solaire étant relié au second, celui de Lambda Serpentis, par l'intermédiaire d'un trou de ver), et si l'on excepte ce moyen bien pratique de voyager d'une étoile à l'autre, la technologie décrite y est résolument hard science.

Si le principal centre d'intérêt du contexte est Poséidon, une planète océane orbitant autour de Lambda Serpentis, notre système solaire n'est pas oublié. Ici, nous sommes en 2199. L'exploration de Mars a commencé en 2015, et la première colonie permanente remonte à 2062. En 2075, les colons commençaient à faire fondre la plus grande partie de la glace des calottes polaires (tâche qui fut achevée en 2150). La pression atmosphérique sur la planète rouge approche désormais un tiers de la valeur terrienne, avec une atmosphère composée à 90 % de dioxyde de carbone et à 10 % d'azote. L'eau liquide couvre 11 % de la surface martienne.

Les projets de terraformation de Mars ont été abandonnés en raison de difficultés techniques, mais des plantes génétiquement modifiées (lichens et mousses) ont été libérées sur la planète.

La population martienne s'élève à environ cinq millions d'habitants, dont 3,5 millions vivent dans des villes sous dômes de plus de 50 000 habitants (les trois plus grandes étant la capitale Mangala Landing (1,1 million d'habitants), Argyre (800 000 hb) et Tharsis (500 000 hb).

Mars est dirigée par les descendants des 35 familles des premiers colons (chaque famille étant devenue une entreprise). Un sénat élu par la population sert de contre-pouvoir. jonathan Bloom (de Bloom Family Ltd) est l'actuel chef du Directoire martien, Lauren Rodriguez le président du Sénat. Mars est totalement indépendante de la GEO (Global Ecology Organization), l'organisme qui dirige (en quelque sorte) la Terre.

Depuis 2068, Mars est dotée d'une station orbitale à ascenseur (skyhook), Arès 1, reliée au sol de la planète par des câbles longs de 17000 km.

Arès 1 et Deimos sont les principales bases spatiales martiennes. Phobos est louée par la GEO et héberge environ 10 000 personnes ; c'est l'un des principaux ports de commerce du système solaire.

Toujours en 1997, l'éditeur américain Chameleon Eclectic Entertainment (CEE) publie Babylon Project, jeu basé sur l'univers de la série télévisée Babylon V.

Mars y est la plus ancienne et la principale colonie terrienne. Le premier peuplement martien a été fondé en 2090 à Syria Planum ; il était constitué de cent personnes et fut détruit en 2099 lorsqu'un attentat terroriste détruisit le dôme le recouvrant. Une colonie permanente fut établie sur la planète en 2105, à Olympus Mons ; elle fut incorporée à l'Alliance Terrienne (qui gouverne l'ensemble des colonies, avant-postes et établissements humains) quand celle-ci fut fondée en 2122.

Étant la colonie la plus proche de la Terre, Mars est aussi la plus peuplée. Elle se compose de quatre villes sous dômes : Olympus Mons (la plus grosse, elle occupe quatre dômes reliés entre eux par des conduites de transport), Syria Planum, Solis Planum et Xanthe Terra. La planète possède aussi plusieurs sites militaires.

À l'origine, la colonie martienne dépendait entièrement de la Terre pour sa survie, mais au fil des années son autonomie a grandi. Depuis 2150, Mars a un représentant au Sénat de l'Alliance Terrienne.

Grâce à sa situation d'étape entre la Terre et les étoiles, Mars a vu son économie prospérer. La hausse des taxes commerciales en 2197 a été le déclic conduisant à une volonté indépendantiste de la part des colons, se traduisant par des demandes répétées pour obtenir cette indépendance : la colonie d'Olympus Mons la réclama en vain pour la première fois le 3 mars 2200. En 2258, Mars se souleva et tenta d'obtenir son indépendance par les armes, mais les insurgés furent finalement vaincus à l'issue d'une guerre fratricide.

En 1998, l'éditeur américain Last Unicorn Games (LUG) publie Star Trek : The Next Generation, autre jeu basé sur une série télévisée célèbre.

Mars y a été terraformée (initialement de classe H, la planète est désormais de classe M), est une colonie terrienne depuis 250 ans (la colonisation remonte à 2103), et héberge plus de 280 millions d'habitants. Parmi les principales villes martiennes, mentionnons Viking City, Burroughs City, Wells Center et Cochrane, des noms qui évoqueront des souvenirs aux amateurs de la planète rouge. Les chantiers navals Utopia Planitia, en orbite autour de la planète, sont parmi les plus renommés et les plus modernes de la Fédération. Phobos accueille une annexe de Starfleet Academy (l'université qui forme les officiers de Starfleet, comme james T. Kirk ou jean-Luc Picard), où les étudiants s'entraînent à évoluer en pesanteur très faible.
 

 Cyberpunk et anticipation

Deuxième grand thème de la SF en jeux de rôle, le cyberpunk, et au sens plus large l'anticipation proche, centrent leur cadre sur la société terrienne quelques décennies dans notre futur. Les balbutiements de la conquête du système solaire font souvent partie intégrante de ces contextes.

À tout seigneur tout honneur, le premier jeu à avoir véritablement exploité le créneau de l'anticipation proche est Cyberpunk, jeu américain publié en 1988 par R. Talsorian Games (RTG), qui situe son action en 2013 pour la première édition, et à partir de 2020 pour la deuxième (traduite en français par Oriflam en 1991).

 

Le volet astronautique et spatial de ce contexte fait l'objet d'un supplément à part entière, Deep Space, paru en 1993 pour la deuxième édition du jeu (et faisant lui-même suite au supplément Near Orbit pour la première édition).

Deep Space contient par ailleurs un scénario, Red Conflict, qui amène des personnages terriens à Isidis.

L'histoire de la conquête de la planète rouge commence en 2009 avec le départ de la première mission européano-soviétique, qui arrive sur Mars deux ans plus tard. En 2017, c'est au tour de la mission Columbus de la NASA de prendre l'espace, et en 2018 est lancée la deuxième mission européano-soviétique. Le voyage dure toujours deux ans.

La première colonie permanente est établie à Chryse Planitia par la mission Columbus ; elle est achevée en 2021. La base permanente d'Isidis ne sera fondée par l'Agence Spatiale Européenne que douze ans plus tard.

Les premières usines automatisées sont mises en orbite autour de Mars en 2022. En 2023, la NASA commence à effectuer des vols réguliers vers la planète rouge (tous les quatorze mois).

En 2025, Mars est en train de devenir un avant-poste stable. Les colonies de Chryse et d'Isidis sont en constante expansion. Chryse, gérée conjointement par la NASA et l'Agence spatiale japonaise, a une population qui dépasse 900 personnes (dont 58 % de japonais ; mais on y rencontre aussi quelques Soviétiques...). Isidis quant à elle héberge 500 personnes, mais ce nombre va rapidement augmenter avec l'arrivée prévue de 600 nouveaux colons dans les quatre années à venir.

La terraformation de la planète rouge, à l'étude, n'a toujours pas commencé. Un laboratoire japonais, jMRL (japanese Mars Research Laboratories), a construit une station scientifique dans la calotte polaire afin d'étudier la possibilité de recréer l'atmosphère martienne, mais l'état actuel des recherches n'est pas connu.

La NASA assure une grande partie de la logistique européano-soviétique à destination de Mars. Elle commence à utiliser Chryse comme point d'appui pour l'exploration de la ceinture d'astéroïdes et des planètes joviennes.

Des dizaines de satellites et d'engins (dont les deux tiers dépendent de l'Agence spatiale japonaise) orbitent autour de la planète. Phobos abrite Hall Station, un relais spatial et de télécommunications qui porte le nom de l'astronome Asaph Hall ; une cinquantaine de personnes y vivent.

Beaucoup moins conventionnel dans sa vision du futur, Reign of Steel, supplément paru en 1997 pour le jeu GURPS de SJG, décrit une Terre tombée sous la coupe d'intelligences artificielles (IA) ayant échappé au contrôle de leurs créateurs. Elles se sont partagé la planète et ont réduit l'humanité en esclavage suite à la guerre de 2034 à 2037. L'action se situe en 2047.

La première mission habitée vers Mars (sino-coréo-japonaise), lancée en 2030, était en route quand la guerre a éclaté. Elle se composait de 28 spationautes des deux sexes, ayant pris place à bord de deux engins à propulsion nucléaire. Le sort de ces pionniers est inconnu.

En 2042, une sonde envoyée par l'IA Orbital (qui contrôle la plupart des objets en orbite autour de la Terre) trouva l'un des engins de l'expédition en orbite autour de la planète rouge, partiellement démonté. Orbital prévoit de lancer une grande expédition vers Mars, et des androïdes (humains génétiquement modifiés) spécialement conçus dans ce but sont en cours de production dans la zone contrôlée par l'IA New Delhi.

 Steampunk et SF victorienne

Le steampunk est un courant de la science-fiction qui décrit une époque de notre passé (en général le XIXème siècle) où la technologie serait plus évoluée que ce qu'elle a réellement été. Ces contextes sont pleins de machines à vapeur et de calculateurs analytiques de Babbage. Ils posent aussi parfois comme postulat que certaines des hypothèses de la science de l'époque sont vraies : par exemple, l'éther luminifère, substance interastrale dont l'existence a été invalidée par les physiciens de la fin du XIXème siècle. Et qui dit substance interastrale implique des contraintes totalement différentes pour l'astronautique : on voit ainsi plusieurs cadres de jeu où nos ancêtres explorent le système solaire...

Époque historique oblige, ces contextes font souvent grand usage de la théorie des canaux martiens.

C'est le cas par exemple d'Etheria, un cadre de jeu esquissé dans le supplément Steampunk paru en 2000 pour le jeu GURPS de SJG. Sur Mars, les Terriens de la fin du XIXème siècle ont rencontré les derniers habitants des déserts d'une planète mourante. Plus grands que les humains d'une trentaine de centimètres en moyenne, ces humanoïdes sont les derniers représentants d'une civilisation plus ancienne que l'humanité, ainsi qu'en témoignent les ruines découvertes sur la planète.

En 1890, seules quelques missions scientifiques se sont rendues sur Mars ; aucune colonie n'y a encore été établie.

The Log of the Astronef est le deuxième volet de la collection anglaise Forgotten Futures, à l'origine diffusée sous forme informatique et qui a connu en 2000 une édition "papier" chez l'éditeur américain Heliograph, Inc (2001 pour The Log of the Astronef). Il est basé sur les récits de George Griffith, dans lesquels un lord anglais du début du XXème siècle, Lord Redgrave, explore le système solaire en compagnie de sa jeune épouse, à bord d'un astronef de son invention (le premier de l'Histoire).

Griffith décrit une planète Mars dotée d'une atmosphère à la composition proche de celle de la Terre, avec 28 % d'oxygène, un peu de dioxyde de carbone, et des traces d'oxyde nitreux ; elle a des effets délétères en cas d'exposition prolongée.

Les plantes martiennes ont des couleurs variant du rouge-jaunâtre au brun. Les Martiens eux-mêmes ressemblent beaucoup aux humains, mais ils sont plus grands (environ trois mètres), avec de grosses têtes, et entièrement glabres. Ils semblent être extrêmement agressifs. Ils vivent dans des villes le long des canaux, et savent fabriquer des aéronefs.

En 1910, la Royal Navy établit un dépôt sur Deimos.

 Mars superstar : Space 1889

Dans le domaine de la science-fiction victorienne, il existe un jeu qui fait véritablement la part belle à la planète rouge : il s'agit de Space 1889, publié en 1989 par GDW (et réédité en 2000 chez Heliograph). Ce jeu dont l'action se situe en 1889 a pour thème principal la colonisation de Mars, et dans une moindre mesure de Vénus et Mercure, par les Terriens, Anglais en tête. Pour en savoir plus, voyez la page qui lui est spécialement consacrée.

 

 

 Autres visions SF de Mars dans les jeux de rôle

Publié en France chez Siroz en 1989, Athanor a pour cadre une Terre à l'écologie (et par delà, la société) ravagée par des virus mutagènes échappés de laboratoires américain et soviétique. Nous sommes en 2300.

La première base martienne fixe, placée sur l'équateur de la planète, remonte au 16 octobre 2060, grâce à une coopération entre la Confédération américaine (États-Unis, Canada, Mexique), l'URSS, l'Europe et le japon. Peu après a suivi l'établissement d'une base chinoise, elle aussi équatoriale mais située à environ 1000 km de la précédente, accueillant mille colons en moins de quatre ans (alors que la première ne prévoyait que 600 personnes au bout de dix ans). Le partage de la planète est l'objet d'âpres discussions. Un statu quo est trouvé, mais 2089 voit l'accroissement brutal de la population de la base chinoise (5700 personnes) suite à l'accueil de colons venus d'Inde.

Lorsqu'en août 2110, la Terre est contrainte d'arrêter le soutien logistique aux bases martiennes, seules soixante personnes acceptent d'être rapatriées sur la planète bleue. Le 17 septembre, les deux colonies s'unissent. Mars accueille également les quelques colons lunaires ayant refusé de revenir sur Terre lors de l'abandon du satellite.

L'arrêt des communications entre les deux planètes nous empêche de connaître la situation martienne à l'aube du XXIVème siècle.

Publié par SJG en 1999, le supplément New Sun pour GURPS a pour cadre celui du cycle du Nouveau Soleil de Teur, une série de romans de Gene Wolfe.

Ici, Mars a été la première planète terraformée par les humains, il y a des dizaines de milliers d'années, et est devenue Verthandi (ce qui signifie "Présent").

À l'Âge de l'Autarque, on ne sait rien de son état actuel.

 


© Lottes Loukoum , août 2001
fvallat@club-internet.fr
http://loukoum.online.fr/ 

Avec tous mes remerciements


Liens pour les jeux de rôle
Forgotten Futures II : The Log of the Astronef http://www.cix.co.uk/~mrowland/index.htm
Gurps  
Steve Jackson Games

Martian Rails (2009) a new board game about railroading on the Red Planet in which players mark their tracks with crayons. Part of the Empire Builder series by Mayfair Games.

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