Alain Grousset



Auteur d'une vingtaine de romans pour la jeunesse,  collaborateur à la revue Lire et responsable de projets aussi divers qu'une BD ou un roman historique en cours d'écriture avec Michel Jeury,  Alain Grousset nous livre ses impressions du voyage accompli aux côtés de Manchu pour les romans "La Citadelle du vertige ou "Les chasse-marées" édités chez Hachette (Livre de Poche Jeunesse).

"Ma rencontre avec Manchu date de 1981, au Festival d'Angoulême où  Manchu, déjà très timide et talentueux, avait remporté le prix du " Meilleur Fanzine " avec Fantascienza.
II avait, malgré ce qu'il dit, un projet de BD à l'époque. C'était un projet colossal - qui a avorté depuis - autour du Monde inverti de Christopher Priest. Notre rencontre graphique s'est faite autour de mon roman La citadelle du vertige truffé d'illustrations intérieures sur lesquelles la collaboration a pu être totale. En cours d'écriture nous nous sommes concertés pour savoir si telle scène passait mieux en étant dessinée ou décrite par le texte, c'était un vrai travail à quatre mains.
En général, l'illustrateur apporte un support visuel à mon écriture et je me surprends, en écrivant, à penser aux images que peuvent en tirer Manchu ou Philippe Munch (le deuxième illustrateur avec lequel mon texte est en parfaite adéquation). Les illustrateurs, et Manchu en particulier, font preuve d'humilité dans leur travail ; une humilité face à la feuille blanche. De plus, devant l'oeuvre à illustrer, Manchu et quelques autres se mettent tout entier au service du livre de façon à le magnifier.
Manchu transcende l'écrit pour en faire une oeuvre a part entière dans laquelle on reconnalt sa " patte ". II n'y a pas beaucoup d'illustrateurs qui conviennent à mon travail, les autres collaborations se sont montrées moins réussies et cela s'en ressent dans les réactions du public A ce propos d'ailleurs, Danielle Martinigol avec qui j'écris la série Keni Mégane (Nathan Pleine Lune) et que Manchu a illustré sur "L'or bleu" (Hachette Jeunesse), a eu sur ce même livre, deux autres illustrateurs, à savoir Siudmak et Nicollet. Elle a pu constater des différences de vente importantes en fonction de la couverture (mais on ne dira pas lesquelles ).
Je pense que c'est la couverture qui fait le premier acte d'achat du jeune lecteur, ce n'est qu'ensuite qu'il passe au quatrième de couverture. La complicité avec un illustrateur est importante pour la bonne construction d'un roman même si les éditeurs n'aiment pas que ces deux auteurs se connaissent. Ma relation d'amitié-complicité avec Manchu est constructive pour tout le monde, un seul reproche toutefois : il possède une vieille Ford 1958 qu'il a montré à tout le monde en la passant dans le magazine Nitro et avec laquelle il n'est jamais venu me voir !"

© SF-Mag n°

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