UNE UTOPIE MARTIENNE
AMENOPHIS IV
Créer sur Mars une société
parfaite,
en adaptant et améliorant les grands
principes de la vie... C'est ce qu'ont essayé de faire Étienne
Le Roux et Dieter dans leur nouvelle série, Aménophis
IV. Leurs explications sur la genèse de la série contiennent
en germe ce qui fera déraper cette belle idée...
COLONISATION MARTIENNE
L'exploration
de territoires vierges et encore vides d'humanité est une
sorte d'instinct chez l'homme. Que reste-t-il à découvrir
aujourd'hui, à l'exception de quelques zones des Pôles
? Il est naturel de se tourner vers d'autres planètes, territoires
entièrement vierges, et l'exploration de Mars reste le projet
le plus vraisemblable pour satisfaire ce besoin humain. Nous en
avons ici repoussé les limites. Il s'agit carrément
d'une sorte de terraformation de la planète, ayant pour but
de la rendre complétement indépendante, en cycle écologique
clos. Aménophis IV est une bulle dans l'espace, dont la population
est triée sur le volet. Ou semble l'être...
LA SOCIÉTÉ PARFAITE
La quête d'une utopie est une constante de l'étre humain,
et la création d'un nouveau monde lui en donne toute latitude
C'est pourquoi nous avons imaginé que les premières
colonisations attireraient une population à la recherche
d'une alternative. Quitte à créer un monde nouveau,
ses inventeurs l'ont voulu parfait, voire idyllique. Pas de police,
pas d'armes, de grands esprits civiques caractérisés
par une abnégation extrême. Aménophis IV essaie
en outre d'être une société où les compétences
sont partagées, sans autre monnaie d'échange que l'utilité
même des habitants. Le concept de lutte de pouvoir devrait
être inexistant sur la base telle qu'elle a été
conçue au départ, il n'y a pas de laissés pour
compte.
CLONAGE ET MANIPULATION GÉNÉTIQUE
À l'heure actuelle, nous ne voyons pas l'utilité
du clonage d'individus tels quels, leur patrimoine génétique
a déjà été exploité par la
nature, leurs vies sont plus courte et leurs ressemblances aux modèles
ne sont pas certaines. C'est pourquoi nous avons choisi de parler
du clonage d'une espèce créée par la science
: le chercheur de la base, Matt Risbow, prix Nobel de génétique,
a commencé par créer un cheval, Pégase, qui
devient l'emblème de la base. II clone ensuite des chimpanzés,
les anthros, destinés à exécuter les
basses tâches. Une sorte de sous-caste volontairement
développée, en quelque sorte. En clonant quelques
individus bien choisis on ne lente pas le hasard et
on garde certaines caractéristiques sans risquer de voir
surgir un anthro trop intelligent ou très violent. Du moins
en théorie...
LA RELIGION
Aménophis IV
se veut le berceau d'une humanité martienne, et forcément,
une fois la base définitivement installée, une église
est construite et un officiant religieux est appelé à
convertir... D'ailleurs, les plus grandes religions monothéistes
sont toutes nées clans le désert. Et quel plus beau
désert que Mars... John Barhile, qui est choisi pour être
le prêtre de la base, est plein de contradictions et d'idéaux
parfois désuets. Sa religion est d'ailleurs plus proche d'un
syncrétisme archaïque bizarre que d'une véritable
religion monothéiste. Tout le problème viendra de
la bénédiction qu'il accepte de donner à un
anthro. Cet être-là peut-il être considéré
comme un humain ? Il n'a a priori, pas d'âme et cette bénédiction
vaudra de lourds reproches à l'officiant.
L'AME
La notion d'âme est fondamentale dans notre récit.
L'homme reste l'homme, quel que soit le contexte dans lequel il
évolue, et ses problèmes fondamentaux demeurent. Celte
société parfaite est fondée sur une sélection
très précise de ses fondateurs et habitants. La psychologue,
Mme Oberkamp, a donc un rôle primordial : elle doit tout savoir
de tout le monde et les premiers incidents lui donneront un surcroît
de travail. C'est d'ailleurs elle qui, la première, remarquera
l'étrange comportement des anthros, après l'assassinat
de l'un d'eux. Elle est ambitieuse, et n'hésitera pas à
sauter sur la moindre once de pouvoir qui lui sera accordée.
Pas de lutte de pouvoir, avons-nous dit ...
(c) Delcourt Planéte
n°12 ,Avril-Juin 2000
Publication avec leur autorisation
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IV