Les Martiens : Mythe et réalité

Quand par une belle nuit de septembre 1877, l'astronome italien Schiaparelli nota "canali" sur son carnet suite à son observation de la planéte Mars, il ne se doutait pas du formidable cadeau qu'il venait de faire à tous les amateurs de SF: il existait une civilisation martienne, intelligente et industrialisée puisqu'elle construisait des canaux planétaires visibles de l'espace.
Dans les années qui suivirent cette découverte, vus par les Terriens, les Martiens avec leurs corps gracile et leur grosse tête (due à un hyperdéveloppement du cerveau), devaient donc  nous devancer en technologie et aussi en sagesse, prêts à nous guider sur le chemin d'un utopique paradis.
Mais en 1898, Wells avec "La Guerre des Mondes" balaya toutes ces espérances, les Martiens avaient bien de l'avance dans l'évolution par rapport à nous mais malheureusement pas en bonté, leur planéte se mourrant, ils avaient décidé de nous conquérir. Débarquant dans une paisible Angleterre victorienne ils lui font subir ce que les Anglais font à l'époque en Afrique Australe. Pour bien noircir le tableau, Wells nous décrit des martiens monstrueux, fruits d'une évolution génétiquement controlée, devenus des espéces de poulpes géants se nourrissant de sang . Wells crée ainsi l'archétype de l'invasion alienne qui dure depuis 110 ans.
En 1912, Edgar Rice Burroughs, auteur futur du célébre Tarzan, projette par la pensée son nouveau héros, John Carter, capitaine de l'armée confédérée, dans le passé de Mars, Barsoom. Il écrira onze romans d'aventures, transposition sur Mars de romans de cape et d'épée et de westerns, qui nous présentent différentes races de martiens, les uns humanoïdes, les autres beaucoup moins mais tous respirant de l'oxygéne sur une planéte dessechée ayant perdu ses océans .
C'est là que l'on vit apparaitre pour la premiére fois des martiens "verts".
De nombreux clones barsoomiens vont voir le jour au fil des années mais les progrés de l'astronomie vont mettre à mal le mythe d'une civilisation martienne indigéne au profit d'une conquête par les Terriens de l'astre rouge.
Quelques uns pensent encore possible la rencontre des futurs colons avec les martiens survivants mais pour mieux les exterminer par nos propres microbes comme Ray Bradbury dans "Les Chroniques martiennes" en 1950.
L'arrivée des sondes spatiales sur Mars en 1976 sonna définitivement le glas des martiens mais en 1993, dans sa trilogie hard-science "Mars la rouge, la bleue, la verte", K.S.Robinson nous propose avec sa solution de terraformation de Mars, le quatriéme acte de l'épopée martienne: les Martiens c'est nous ou du moins nos enfants.

Est-ce la conclusion de l'histoire martienne ? Peut-être pas puisque des études contreversées des résultats des expériences Viking ont montrés des activités du sol martien que l'on pouvait qualifier de biologique. Les vieux martiens étaient-ils des bactéries ?
Evidemment il est plus poétique d'imaginer aussi John Carter et Dejah Thoris enlacés sous l'obscure clarté des lunes martiennes pendant que de graciles martiens au masque d'or glissent en barque sur les canaux aux eaux paisibles de Malacandra.

Jacques Garin © 2012