L'avis de l'Ecran Fantastique (1977) : "L'entrée
en matière fait évidemment songer à Planète interdite, réalisé
deux ans plus tôt, mais cette impression de déjà-vu
est bien vite estompé par le véritable sujet du film,
alors neuf à notre connaissance, et qui ne sera guère
repris - bien mal - que par The Green
Slime en 1968: l'embarquement accidentel
ou volontaire, d'un élément étranger nocif
pour l'homme sur un vaisseau spatial. The
Quatermass Xperiment, en 1955, avait
aussi abordé le problème, mais l'action du film se
déroulait après le retour du navire sur notre planète.
Ici, c'est au jeu mortel du chat et de la souris
que Cahn entend nous faire assister. Avant même la mort tragique
de la première victime, nous avons été prévenus
de la réalité du danger évoqué par le
survivant du voyage original dans les déserts arides de Mars,
un crâne humain a été retrouvé... L'examen
des dents permet d'identifier un des disparus. Nous avons vu, ou
deviné, l'intrusion de la créature dans la fusée.
Le film entier n'est plus qu'une sorte de cache-cache tragique.
de combat désespéré. Le décor du vaisseau
exprime une grandeur tragique par son caractère de piège
inéluctable : aucune issue possible. seule la résistance
poussée aux limites de l'endurance peut prolonger la vie
des humains. Le merveilleux scénario de Bixby. que
n'encombre aucune histoire d'amour - du moins du genre habituel
à ces filins - exploite avec un art consommé du suspense
le tragique de la situation : la Créature. qui se nourrit
de sang et de toutes les sécrétions du corps. est
tour à tour électrocutée, gazée, etc..
sans dommage apparent Peu à peu, tandis que se rétrécit
la marge de sécurité des humains, qui finissent par
trouver refuge à l'étage supérieur de la fusée.
le Monstre prend possession des lieux, et ses déprédations
furieuses ajoutent à l'angoisse de ses proies. Chargé
de prêter apparence Monstre de Mars. le maquilleur Paul Blaisdell
s'est ici surpassé : sa Créature, incarnée
par le comédien Ray " Crash " Corrigan, un géant
spécialisé serials et des westerns, est impressionnante
à souhait, laissée le plus souvent possible dans la
pénombre par très belle photographie en noir et blanc
de Kenneth Peach Sr. Le montage (de Grant Whytock )est certainement
l'un des plus réussis par l'inquiétude qu'il parvient
à communiquer. Signalons que la musique est en partie celle
de Kronos
due à Paul Sawtell, mais qu'elle comporte de nombreux passages
composés par Bert Shefter. Il est stupéfiant de
constater l'indifférence quasi générale avec
laquelle fut accueilli It ! à son époque. Ne
mentionnons même pas la critique: mais comment le simple amateur
de SF a-t-il pu rester de glace devant un film qui s'affirme, aujourd'hui,
à chaque vision, comme l'un des meilleurs des années
cinquante ? Et faut-il imputer à ce manque de discernement
le relatif découragement d'Edward Cahn. qui ne retrouva plus
par la suite semblable inspiration ?"
L'avis
de Jean-Pierre Andrevon ( in "100
Monstres du Cinéma fantastique") Après
le Martien gélatineux, le Martien anthropomorphe et le Martien
insectoïde, voici un Martien reptilien. Mais quoi ! seriez-vous en droit
de nous objecter... Ils ne pourraient pas se mettre d'accord ? Eh
bien non : les scénaristes et les plasticiens d'Hollywood
ne se sont pas encore réunis en séance plénière
pour déterminer une bonne fois pour toutes l'aspect des Martiens.
Qu'importe, au demeurant : on sait bien que Mars n'est qu'un monde
morne et dépourvu de vie qui ressemble à la lune comme
une soeur, et que ses habitants n'évoluent pas dans un espace
physique, mais dans l'espace poêtique de l'imaginaire...
Edgar Rice Burroughs, dans sa série martienne, plaçait
bien sur la planète rouge de nombreuses races dissemblables,
qui ne semblaient exister que pour faire la nique à John
Carter ; faisons-nous une raison : les Martiens du cinéma
n'existent que pour nous faire peur (ou nous réjouir : ce
qui est la même chose), et leur aspect n'a d'autres limites
que celles de l'imagination. Pour étroite qu'elle soit,
et pour restreint que fut le budget de cette " série
Z " conçue par un spécialiste des films de terreur
des fiveties, avouons que celui-ci n'est pas mal du tout, et que
son costume caoutchouteux vaut bien celui de la créature
du lac noir. Introduit clandestinement sur une fusée
terrienne qui regagne notre planète, ce Martien buveur de
sang poursuit de ses avances l'équipage du vaisseau, au cours
d'un " huis clos " spatial qui en vaut bien d'autres.
Gageons qu'il ne parviendra pas tout à fait à ses
fins - ni à sa soif.
Retour à
la fiche du film |